Les rebelles syriens ont multiplié les attaques contre les bases et appareils de l'armée de l'air, mais sans être en mesure de stopper samedi les bombardements des hélicoptères ou des chars sur plusieurs fronts.

Signe que le conflit s'est durci, près d'un an et demi après le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad, le mois d'août a été le plus sanglant avec près de 5000 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Le jour de sa prise de fonctions officielle, l'émissaire international pour la Syrie, Lakhdar Brahimi, a appelé sur la chaîne Al-Arabiya «toutes les parties à cesser la violence», tout en jugeant que le gouvernement assumait «une plus grande responsabilité» dans l'arrêt des hostilités.

Il n'a pas été aussi loin que le patron de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a affirmé jeudi que la «responsabilité principale» de l'arrêt des violences incombait au régime de M. Assad, qui répète vouloir en finir avec les rebelles considérés comme des «terroristes à la solde de l'étranger».

Mais Moscou, un allié du pouvoir à Damas, a estimé qu'il était «naïf» de penser que le régime allait cesser le feu en premier.

Preuve en est, les chars de l'armée, qui encerclent la plupart des bastions rebelles dans plusieurs villes ou provinces à travers le pays, ont violemment bombardé samedi ces zones, théâtre en outre de combats, selon l'OSDH.

Dans un bilan provisoire fourni par cette organisation qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins, 60 personnes ont péri dans les violences à travers le pays, en majorité des civils dans et autour d'Alep (nord), Hama (centre), Deraa (sud), Idleb (nord-ouest) ainsi que dans la province de Damas.

Contrer la maîtrise du ciel

Les rebelles tentent de leur côté de contrer la maîtrise du ciel de l'armée, dont les bombardements provoquent chaque jour morts et destructions.

Vendredi soir, ils ont marqué des points en s'emparant du principal bâtiment d'une base aérienne à Boukamal (est), à la frontière irakienne, selon l'OSDH. Selon des informations qui n'ont pas pu être vérifiées par cette organisation, ils ont mis la main sur des missiles antiaériens.

Toujours à Boukamal, les rebelles ont attaqué le bâtiment de la sécurité militaire ainsi que l'aéroport militaire de Hamdane.

Près d'Idleb (nord-ouest), les insurgés ont affirmé, après une attaque jeudi, tenir une partie de l'aéroport d'Abou el-Zouhour, l'un des deux plus important de la province.

Ils avaient attaqué mercredi l'autre aéroport, à Taftanaz, affirmant avoir détruit plusieurs appareils sans toutefois parvenir à prendre le contrôle du site.

Des hélicoptères de cette base ont continué samedi de survoler Taftanaz, vidée de la plupart de ses habitants depuis des semaines, en ouvrant le feu à plusieurs reprises, selon un journaliste de l'AFP. Ils tentaient de débusquer les rebelles dissimulés dans les habitations.

Seuls quelques-uns de ces combattants, en civils pour la plupart, circulent dans les rues, à pied ou à moto, et sans armes pour ne pas attirer l'attention, les yeux levés en permanence vers le ciel pour tenter de repérer la menace.

La base militaire est toujours sous contrôle des forces du régime, a constaté le journaliste de l'AFP depuis une position rebelle proche. Au moins une quinzaine de MI-17 et MI-24, redoutables machines de fabrication soviétique, sont toujours stationnées sur les pistes de l'aéroport.

«Nous avons tout perdu»

«L'attaque de l'aéroport a été un échec, elle n'avait pas été assez préparée», a expliqué à l'AFP Abou Omar, un chef rebelle de Taftanaz dont les hommes n'ont pas participé à l'assaut.

Un peu plus à l'est, armée et insurgés se livrent toujours une féroce bataille depuis plus d'un mois pour le contrôle d'Alep, métropole stratégique.

À Al-Bab, une base arrière rebelle à 30 km au nord-est d'Alep, les habitants gardaient eux aussi un oeil sur le ciel samedi par peur d'un nouveau raid, au moment où ils déblayaient les décombres après des frappes meurtrières, selon une journaliste de l'AFP.

«C'était ma maison, il n'en reste plus rien», expliquait Youssef al-Wati, un ingénieur, en escaladant un escalier s'élevant désormais dans le vide, tandis que des voisins l'aidaient à fouiller les décombres. «Nous avons tout perdu, pas seulement un peu, tout», soupirait sa femme, Oum Omar.

Aucune issue n'était en vue après plus de 17 mois de violences qui ont fait plus de 26 000 morts, en majorité des civils, selon l'OSDH.

C'est une mission difficile qui attend le nouvel émissaire Brahimi, qui a d'ailleurs souligné qu'il ne pouvait pas la mener à bien «sans un appui total et clair du Conseil de sécurité» de l'ONU, profondément divisé sur la Syrie.