Médecins sans frontières (MSF) a installé un hôpital fixe dans le nord de la Syrie, dans une zone tenue par les rebelles, a annoncé mardi l'ONG, qui demande que les parties prenantes au conflit lui «facilitent l'accès» aux blessés.

«Aujourd'hui, ça fait deux mois que le projet est stabilisé. On a monté un partenariat avec une association de médecins syriens» pour organiser l'installation de l'hôpital et son approvisionnement, a expliqué Filipe Ribeiro, directeur général de MSF, lors d'une conférence de presse à Paris.

Selon Brian Moller, responsable du projet, l'hôpital, situé dans un lieu que MSF n'a pas souhaité préciser, «a une capacité de 12 lits, qui peut être portée à 30 lits».

Plus de 300 interventions chirurgicales y ont été effectuées pour l'instant et les blessés continuent d'affluer.

«La plupart des blessés étaient des victimes de violences, à 90%», raconte Anna Nowak, chirurgien ayant passé plusieurs semaines sur place, «ils présentaient tous les types de blessures de guerre - plaies par balles, éclats d'obus ou de mortier... - ainsi que les accidents induits, comme des écroulements de murs consécutifs à des bombardements».

Les déplacements étant «très compliqués» en Syrie, à cause des barrages militaires, des combats ou tout simplement du manque de carburant, de nombreux patients arrivent plusieurs heures, voire plusieurs jours après avoir été blessés. Certains patients sont incapables de se rendre à l'hôpital.

«Ma détresse, c'est d'avoir un patient en face de moi et de me dire que si j'avais pu l'opérer il y a deux jours, j'aurais pu le sauver», confie Anna Nowak.

«Nos portes sont ouvertes à tout le monde. Quand on voit des gens arriver les entrailles à l'air, on ne va pas regarder si ce sont des combattants ou pas», précise Kelly Dilworth, médecin anesthésiste.

Sur les 12 derniers mois, des équipes de MSF étaient déjà entrées en Syrie, n'y restant que brièvement avant de repartir.

Concernant l'hôpital, «nous sommes arrivés il y a deux mois, une équipe de sept expatriés» travaillant avec «une cinquantaine de Syriens, médecins, infirmiers, gardes, interprètes...», raconte Brian Moller.

«On est dans une zone tenue par les rebelles. L'approvisionnement est problématique, mais on a l'assistance de l'association de médecins syriens sur le terrain. (...) La situation sécuritaire est très tendue, extrêmement complexe», selon lui.

L'installation d'une structure fixe, qui n'a «jamais été visée pour l'instant» par des attaques de l'armée selon Brian Moller, est un premier pas, mais «on ne satisfait absolument pas les besoins» de la population syrienne, déplore Filipe Ribeiro.

MSF souhaiterait installer d'autres hôpitaux du même genre à travers le pays, mais le régime de Bachar Al-Assad ne l'y autorise pas.

Pour cet hôpital, «nous avons informé officiellement les autorités syriennes de notre présence sur place, qui n'étaient pas très contentes et ont dit qu'on était donc là illégalement», selon M. Ribeiro, qui «attend de l'ensemble des parties du conflit qu'elles nous facilitent l'accès et nous laissent soigner nos patients».

Le régime syrien est confronté depuis mars 2011 à une contestation qui s'est militarisée au fil de la répression sanglante menée par les forces gouvernementales. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, plus de 23 000 personnes ont péri dans le conflit.