Le président syrien Bachar al-Assad a effectué dimanche une rare apparition publique pour prier dans une mosquée de Damas à l'occasion de la fête Aïd el-Fitr, tandis que ses opposants ont à nouveau exprimé dans la rue leur rejet du régime.

Dans leur lutte contre l'armée, les rebelles sont épaulés par les services secrets britanniques et allemands, rapportent des journaux européens, tandis les violences se poursuivent sans répit malgré les célébrations marquant la fin du ramadan.

L'Aïd el-Fitr est traditionnellement l'occasion d'offrir des cadeaux aux enfants, mais dans la province d'Idleb (nord-ouest), un garçon et une fillette ont été tués à l'aube dans un bombardement, a annoncé l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Sur le front diplomatique, l'Algérien Lakhdar Brahimi, nommé il y a deux jours comme nouveau médiateur international pour la Syrie, a déjà essuyé des critiques de l'opposition pour avoir déclaré ne pas savoir pas si le moment était venu de réclamer le départ du président syrien Bachar al-Assad.

La télévision officielle syrienne a diffusé des images montrant le chef de l'État assis pour la prière de l'Aïd dans la mosquée al-Hamad, en présence du nouveau Premier ministre, Waël al-Halaqi, et du chef du Parlement, Jihad Lahham.

Il s'agit de la première apparition publique de M. Assad depuis l'attentat qui a coûté la vie à quatre hauts responsables de la sécurité le 19 juillet.

Dans son prêche, l'imam, cheikh Mohamed Kheir Ghantous, a assuré que la Syrie triompherait «face au complot américano-occidental soutenu par les wahhabites et les takfiris» (extrémistes religieux sunnites).

Le régime syrien lutte férocement depuis 17 mois contre une révolte qui s'est militarisée au fil des mois. Au total, le conflit a fait plus de 23 000 morts, selon l'OSDH.

Mais malgré la répression, des opposants ont encore manifesté à Damas, Idleb et dans la province de Hama (nord).

Dans cette dernière région, à Kafr Zeita, une vidéo montre une femme vêtue de noir, qui a perdu plusieurs de ses enfants dans les violences. «Que brûle le coeur d'Assad comme il fait brûler le nôtre», lance-t-elle à la foule.

Selon le Sunday Times britannique, qui cite un responsable de l'opposition, les services secrets britanniques ont aidé les rebelles à lancer plusieurs attaques réussies.

Selon ce responsable, les informations sont transmises aux rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL, composée de déserteurs et de combattants civils) depuis les bases militaires britanniques à Chypre via la Turquie et les États-Unis.

Les informations transmises ont concerné en particulier les mouvements de l'armée régulière vers Alep, deuxième ville du pays et théâtre d'une bataille cruciale pour le régime depuis près d'un mois.

L'hebdomadaire allemand Bild am Sonntag rapporte de son côté que des agents du Service fédéral de renseignement (BND) croisant au large de la Syrie observent les mouvements des troupes syriennes et transmettent ces informations aux services britanniques et américains pour qu'elles parviennent aux rebelles.

CNS «choqué» par Brahimi

Les pays occidentaux, qui réclament le départ de M. Assad, répètent qu'ils ne veulent pas armer les rebelles, évoquant en particulier le risque de voir cet arsenal tomber entre les mains d'extrémistes islamistes. Mais plusieurs pays ont déjà évoqué une aide dans le domaine de la communication.

Sur le terrain, l'Aïd n'a pas empêché les violences, avec au moins sept morts, au lendemain d'une journée qui a fait samedi 137 victimes à travers le pays (63 civils, 31 rebelles et 43 soldats), selon l'OSDH.

Les combats se poursuivaient en particulier à Alep, dans les quartiers de Seif al-Dawla et Izaa, a précisé l'OSDH, une organisation basée au Royaume-Uni qui s'appuie sur un réseau de militants et de témoins.

À l'étranger, M. Brahimi a reçu le soutien de l'Occident, de la Russie et de la Chine, deux pays alliés de Damas.

Mais le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, s'est dit «choqué» par de récents propos du diplomate algérien. Interrogé par l'agence Reuters sur la nécessité d'un départ de Bachar al-Assad, M. Brahimi avait déclaré: «Il est bien trop tôt pour que je puisse prendre position sur ce sujet. Je n'en sais pas assez sur ce qu'il se passe».

À Damas, la situation restait incertaine sur le sort du vice-président Farouk al-Chareh. Les autorités ont démenti samedi des informations faisant état de sa défection, mais la télévision d'État n'a diffusé aucune image de lui. L'ASL a évoqué pour sa part une «tentative de défection» qui a échoué.

Personnalité sunnite la plus en vue au sein du pouvoir alaouite (branche du chiisme), M. Chareh est un homme de confiance du régime et a été pendant plus de 20 ans chef de la diplomatie syrienne.