Les bombardements des forces syriennes sur la ville rebelle d'Alep ont touché des civils qui faisaient la file devant une boulangerie, tuant au moins 10 personnes, ont déclaré des militants jeudi.

Mohammad al-Hassan, un militant d'Alep qui s'est rendu sur les lieux après l'attaque, a déclaré par téléphone à l'Associated Press que le pilonnage était survenu vers 6 h 30, une heure à laquelle de nombreux citoyens se rendent à la boulangerie pour acheter du pain. Cet aliment de base est de plus en plus difficile à trouver en Syrie depuis quelque temps.

«Trois obus sont tombés dans la rue près de la boulangerie et les gens qui attendaient ont été atteints par des éclats», a déclaré le militant. «Il y avait des gens avec leurs enfants. C'était comme une rivière de sang.»

Mohammad al-Hassan a précisé avoir vu des corps au sol et avoir parlé à des témoins de la scène. Deux organisations de l'opposition, l'Observatoire syrien des droits de l'homme et les Comités locaux de coordination, ont confirmé les détails de l'attaque. Selon l'Observatoire, 20 personnes ont été tuées jeudi dans les bombardements à Alep, dont 10 personnes à l'extérieur de la boulangerie.

Un militant d'Alep qui a seulement voulu donner son prénom, Ibrahim, a déclaré à l'Associated Press qu'un obus d'artillerie était tombé sur la boulangerie Al-Zarra, la plus grande du quartier Qadi Askar. Il a indiqué avoir compilé les noms de 12 personnes tuées et avoir vu 30 autres corps non identifiés.

Les Comités locaux de coordination affirment que 49 personnes ont été tuées à Alep jeudi, la plupart dans le quartier Qadi Askar, mais l'organisation n'a pas donné de bilan précis du bombardement à la boulangerie. Les bilans divergents n'ont pas pu être confirmés de source indépendante.

Dans une vidéo mise en ligne par des militants, on peut voir les corps de deux jeunes enfants recouverts par des draps, ainsi que les corps de trois hommes allongés au sol, couverts de sang. L'authenticité de la vidéo n'a pas pu être vérifiée.

Des centaines de personnes ont été tuées dans les violents affrontements qui se déroulent depuis trois semaines à Alep, la plus grande ville de Syrie, avec trois millions d'habitants.

Les combats se sont étendus à une région qui va du nord d'Alep jusqu'à la frontière turque, au nord et à l'est, où les rebelles ont pris le contrôle de plusieurs localités.

Mercredi, l'armée syrienne a mené une série de bombardements dans un quartier résidentiel de la ville d'Azaz, au nord d'Alep, près de la frontière turque. Selon l'organisation Human Rights Watch, au moins 40 personnes ont été tuées et une centaine d'autres ont été blessées, dont plusieurs femmes et enfants.

Des journalistes de l'Associated Press présents sur les lieux ont vu neuf corps dans les décombres, dont celui d'un bébé, juste après les attaques. Des représentants de Human Rights Watch arrivés deux heures plus tard ont recensé au moins 40 corps.

L'hôpital de la ville, débordé par la situation, a fermé ses portes et a envoyé les blessés se faire soigner de l'autre côté de la frontière, en Turquie.

«Cette terrible attaque a tué et blessé de très nombreux civils et a détruit tout un pâté de maison», a déclaré Anna Neistat, responsable des opérations d'urgence chez Human Rights Watch. «Une fois de plus, les forces gouvernementales syriennes ont attaqué avec un mépris innommable pour la vie des civils», a-t-elle affirmé.

Selon l'organisation, les frappes visaient peut-être deux bâtiments de l'Armée syrienne libre (ASL) situés dans le voisinage. Aucun des deux bâtiments n'a été touché par les frappes.

Le Conseil de sécurité des Nations unies a par ailleurs décidé jeudi de mettre fin à la mission des observateurs militaires en Syrie, dont le mandat expirera dimanche, parce que le gouvernement syrien continue d'utiliser des armes lourdes et que la violence ne diminue pas.

L'ambassadeur français à l'ONU, Gérard Araud, a précisé que le Conseil, actuellement présidé par la France, soutenait la proposition du secrétaire général, Ban Ki-moon, de mettre en place un bureau de liaison civil pour soutenir les efforts de l'ONU et de la Ligue arabe en faveur d'un règlement du conflit syrien.

À Damas, la secrétaire générale adjointe de l'ONU responsable des affaires humanitaires, Valerie Amos, a déclaré que le conflit syrien s'était «intensifié». «Toutes les parties doivent en faire plus pour protéger les civils», a-t-elle souligné au terme de sa mission de trois jours, destinée à améliorer l'acheminement de l'aide internationale en Syrie.

Mme Amos a déclaré que la situation humanitaire en Syrie avait empiré depuis sa dernière visite, en mars. À l'époque, les Nations unies estimaient à plus d'un million le nombre de déplacés et de personnes nécessitant une aide humanitaire d'urgence. «Aujourd'hui, jusqu'à 2,5 millions de personnes ont besoin d'aide», a-t-elle indiqué.