Les insurgés se sont retirés jeudi du principal quartier qu'ils contrôlaient à Alep, deuxième ville de Syrie et enjeu crucial du conflit entre la rébellion et le régime de Bachar al-Assad.

Le président syrien a de son côté nommé un nouveau chef de gouvernement pour remplacer Riad Hijab qui a fait défection cette semaine.

Dans le même temps, l'Iran, fidèle allié du régime syrien, organisait à Téhéran une «rencontre consultative» sur la Syrie, en présence de représentants de 29 pays, dont la Russie, la Chine, l'Irak, l'Afghanistan, et le Pakistan.

Les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL) retranchés à Alep (nord), poumon économique du pays où les combats font rage depuis le 20 juillet, ont annoncé s'être retirés de leur bastion de Salaheddine en raison de bombardements particulièrement violents de la part des forces gouvernementales.

«Nous avons effectué un retrait tactique de Salaheddine. Il n'y a plus de combattants rebelles en raison d'un bombardement inouï et les forces du régime avancent dans le quartier», a déclaré Houssam Abou Mohammad, commandant de la brigade Dera Ashahba, une composante de l'ASL qui combat dans ce secteur.

Pour sa part, Wassel Ayoub, commandant de la brigade Nour al-Haq de l'ASL, a précisé dans la soirée que cinq bataillons de l'ASL restaient présents dans le quartier pour faciliter l'évacuation complète des combattants.

Il a affirmé que les rebelles «renforçaient» leur «ligne de défense» à l'est de Salaheddine selon un arc allant de Soukkari, au sud de ce quartier, à Boustane al-Kasr (au nord) en passant par Machhad (au centre).

Les bombardements se poursuivaient en soirée contre les quartiers rebelles, a précisé ce commandant.

L'opposition a appelé à des manifestations vendredi, jour de prière, avec comme mot d'ordre «Donnez-nous des armes anti-aériennes».

Une source de sécurité a affirmé que «l'armée avançait rapidement en direction du quartier de Seif al-Dawla, mais la prochaine bataille devrait avoir lieu à Soukkari», plus au sud.

«Seulement 10% des renforts de l'armée ont été utilisés jusqu'à présent dans la bataille», a ajouté cette source, qui avait auparavant indiqué que 20.000 militaires avaient été déployés dans la région d'Alep pour mener cette bataille cruciale pour le régime.

Près de 17 mois de violences ont fait plus de 21.000 morts à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une organisation basée en Grande-Bretagne qui rapporte par ailleurs 96 morts, dont 37 civils parmi lesquels trois enfants, pour la seule journée de jeudi.

Réunion à Téhéran

Alors que le flux de réfugiés fuyant les violences croît chaque jour, la France a envoyé par avion une équipe médicale militaire pour venir en aide à ceux qui se trouvent à la frontière jordanienne.

Les violations des droits de l'homme et des lois humanitaires ont conduit «à un important déplacement de population en Syrie», a affirmé le haut commissaire de l'ONU pour les droits de l'homme, appelant «les autorités syriennes et les parties impliquées dans le conflit à respecter les lois internationales».

Le Haut Commissariat de l'ONU aux réfugiés (HCR) estime que plus de 276.000 Syriens ont fui les violences, principalement en Jordanie, Turquie et au Liban.

Quelque 2.200 réfugiés ont franchi la frontière turque ces dernières 24 heures, leur nombre total en Turquie dépassant désormais 50.000, ont indiqué jeudi les autorités turques.

Le régime du président Assad, ébranlé par la défection lundi de son chef de gouvernement Riad Hijab, a nommé jeudi le ministre de la Santé Waël al-Halqi au poste de premier ministre, a annoncé la télévision syrienne.

Plus haut responsable à rompre avec le régime du président Assad, Riad Hijab a rejoint l'opposition, d'après un porte-parole à Amman, et il est arrivé mercredi matin en Jordanie avec sa famille, selon les autorités jordaniennes.

Sur le plan diplomatique, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a donné le coup d'envoi jeudi d'une conférence sur la Syrie en présence de représentants de 29 pays, en appelant à «un dialogue national entre l'opposition ayant un soutien populaire et le gouvernement syrien», selon la télévision d'État iranienne.

Le Liban et le Koweït ont décliné l'invitation, tout comme Kofi Annan, le médiateur démissionnaire de l'ONU et la Ligue arabe. Les pays occidentaux et la plupart des pays du Golfe accusés par Téhéran d'armer les rebelles n'avaient pas été invités.