Un attentat à la bombe a secoué lundi à Damas le siège de la télévision syrienne, principal outil de propagande du régime dont les troupes continuaient de bombarder Alep, enjeu crucial du conflit.

L'attentat, qui s'est produit dans les bureaux de la direction générale de la radio-télévision au troisième étage du bâtiment, n'a fait que des blessés légers et n'a pas perturbé la poursuite des programmes, a déclaré le ministre syrien de l'Information, Omrane al-Zohbi.

Pour autant, il a eu une forte portée symbolique puisqu'il a visé le principal outil d'information du régime de Bachar el-Assad, de surcroît situé dans un quartier ultraprotégé de la capitale. Pour pénétrer dans l'immeuble, il faut se prêter à plusieurs contrôles des services de sécurité.

Cet attentat est intervenu alors que l'armée a affirmé il y a deux jours contrôler totalement la capitale après avoir repris le quartier de Tadamoun.

La chaîne officielle d'information en continu al-Ikhbaria a montré le ministre de l'Information inspectant le troisième étage au milieu de murs éventrés, de chaises renversées, de fils électriques pendant du plafond, de canalisations d'eau rompues, et alors que des secouristes évacuaient un blessé.

Samedi déjà, les rebelles avaient attaqué sans succès le bâtiment de la télévision d'État à Alep (nord), et le même jour, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) confirmait qu'un présentateur de la même chaîne, Mohammad al-Saïd enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, avait été exécuté.

Bombardements à Alep

À Alep, poumon économique du pays, des bombardements et des tirs d'arme automatique avaient lieu lundi dans plusieurs quartiers, causant la mort de huit civils et d'un commandant rebelle, selon l'OSDH.

Les bombardements ont visé le Palais de Justice, dans le centre, et les quartiers de Chaar et de Marjé, à l'est.

Par ailleurs, des tirs d'arme automatique étaient entendus à Salaheddine (ouest), bastion rebelle où un commandant insurgé a été tué, et dans le quartier de Bab al-Nairab (centre) où un civil a été tué par un tireur embusqué.

Depuis le début de la journée, 28 personnes ont été tuées à travers la Syrie, dont 21 civils et huit rebelles, selon l'organisation basée à Londres qui tire ses informations et ses bilans d'un réseau de militants et de témoins en Syrie.

Dimanche, 131 personnes ont péri, dont 79 civils, 42 soldats et 10 rebelles, selon l'OSDH. Compte tenu des restrictions imposées par les autorités, il est impossible de vérifier ces bilans de source indépendante.

«Massacre» à Hama

Par ailleurs, le Conseil national syrien (CNS) a accusé les forces fidèles à Bachar al-Assad d'avoir «massacré» une quarantaine d'habitants dans la province de Hama (centre).

Selon le CNS, principale coalition de l'opposition, ce massacre commis à Harbnafsa, 8.000 habitants, dans une province sunnite «s'inscrit dans le cadre d'un exode confessionnel» forcé.

Le CNS précise que les troupes ont d'abord pilonné la localité à l'aide de chars pendant plus de cinq heures, avant de la prendre d'assaut, faisant une quarantaine de morts et quelque 120 blessés, en majorité grièvement touchés.

Toutefois, l'OSDH a de son côté fait état de 11 civils tués, dont cinq enfants.

En vue de la bataille d'Alep qu'elle juge «décisive», l'armée a achevé dimanche l'envoi d'importants renforts dans cette deuxième ville du pays, théâtre d'affrontements depuis le 20 juillet.

«Tous les renforts sont arrivés et encerclent la ville. L'armée est prête désormais à lancer l'assaut décisif, mais attend les ordres», a affirmé une source de sécurité.

Selon un responsable de la sécurité, au moins 20.000 militaires ont été déployés sur le front d'Alep, où les rebelles comptent pour leur part entre 6.000 et 8.000 hommes, d'après le journal al-Watan, proche du pouvoir.

«La mission actuelle (de l'armée) consiste (...) à resserrer l'étau et à renforcer le contrôle des entrées de la ville afin d'empêcher (les rebelles) de fuir», selon ce quotidien qui affirme qui des «centaines de terroristes ont été tués» à Alep.

Les rebelles disent tenir la moitié de la ville et affirment que, malgré les bombardements, par l'artillerie et l'aviation, les soldats ne parviennent pas à avancer au sol.

Trois officiers des services de renseignement politique dans la capitale, dont deux frères issus du clan du vice-président sunnite Farouk al-Chareh, ont fait défection et trouvé refuge en Jordanie, a assuré à l'AFP le colonel Kassem Saad Eddine, porte-parole de l'ASL en Syrie.

Par ailleurs, le premier cosmonaute syrien, le général Mohammad Ahmad Fares, 61 ans, s'est, lui, réfugié en Turquie, selon l'agence Anatolie.