L'armée syrienne a repris un quartier aux mains des rebelles à Damas et contrôle désormais l'ensemble de la capitale, au moment où Alep, capitale économique du pays, était samedi le théâtre d'intenses combats et pilonnages.

Ces violences interviennent au lendemain d'un vote à l'Assemblée générale de l'ONU déplorant l'impuissance de la diplomatie à arrêter ce conflit qui a fait plus de 21.000 morts depuis mars 2011, selon un bilan invérifiable de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

«Nous avons nettoyé tous les quartiers de Damas, de Midane à Mazzé, Qadam, Hajar al Aswad et Tadamoun», a affirmé le général en charge des opérations dans ce dernier quartier, dans le sud de la capitale, en le faisant visiter aux journalistes.

La reprise du quartier, où vivent de nombreux Palestiniens, a été confirmée par l'opposition. «L'Armée syrienne libre (ASL) s'est retirée de Tadamoun mais ses membres sont présents dans toute la capitale où ils mènent des attaques ciblées avant de disparaître», a indiqué à l'AFP une militante Lena al-Chami.

«La situation à Damas est excellente et stable. Il n'y a plus de présence de groupes armés, à l'exception de quelques individus qui se déplacent d'un endroit à un autre pour prouver qu'ils existent», a en revanche affirmé le général.

Plus tôt dans la journée, l'OSDH avait fait état d'un «bombardement d'une intensité jamais atteinte jusqu'à présent» à Tadamoun, où étaient retranchés de nombreux rebelles. De violents combats s'en étaient suivis.

Samedi, ce quartier était totalement désert et dévasté. Les chaussées étaient éventrées, des magasins défoncés, avec des fils électriques qui pendaient.

À Yalda, un quartier mitoyen, dans une décharge publique, une journaliste de l'AFP a vu une quinzaine de corps, dont certains brûlés ou mutilés. «Ce sont des habitants du quartier qui ont été kidnappés et liquidés par les groupes armés», a affirmé le général.

Déluge de feu sur Alep

Par ailleurs, dans la région de Damas, haut lieu de pèlerinage chiite, «des groupes armés terroristes» ont enlevé 48 pèlerins iraniens qui se rendaient en bus à l'aéroport, selon l'agence officielle Sana et le consul iranien.

À Alep (355 km au nord de Damas), dont le contrôle est crucial pour l'issue du conflit, l'aviation et l'artillerie ont bombardé plusieurs secteurs tenus par les rebelles, notamment les quartiers de Chaar et Sakhour dans l'est et ceux de Salaheddine et Seif al-Dawla, dans l'ouest.

Ces bombardements sont les «plus violents (signalés) depuis le début de la bataille, mais l'armée de Bachar (al-Assad) n'a pas réussi à avancer», a affirmé à l'AFP le colonel Abdel Jabbar Oqaidi, chef du commandement militaire de l'ASL (composée de déserteurs et de civils armés) d'Alep.

Un haut responsable de la sécurité dans la région a assuré que ces raids n'étaient que le «hors-d'oeuvre» à une bataille de grande ampleur. Au moins 20.000 militaires, a-t-il dit, ont été déployés sur le front d'Alep où l'armée et les insurgés continuent à envoyer des renforts.

Parallèlement aux bombardements, les combats faisaient rage à Salaheddine et Seif al-Dawla, deux quartiers tenus par les rebelles, qui affirment contrôler la moitié de la ville.

Après des opérations audacieuses leur ayant permis ces derniers jours de s'emparer de commissariats à Alep, les rebelles avaient attaqué pendant la nuit le bâtiment de la télévision d'État, avant d'être bombardés par l'aviation et de devoir se retirer, selon l'OSDH.

L'agence Sana a confirmé l'attaque, rapportant que «les terroristes ont attaqué des civils et le bâtiment, mais les soldats l'ont défendu».

L'OSDH a fait état de 129 morts -- 76 civils, 36 soldats et 17 rebelles -- à travers le pays. La majorité des civils ont été tués à Deir Ezzor (21), dans la province de Damas(20), à Hama (11) et à Alep (11).

Juillet, mois le plus sanglant

La plus grande partie de la province de Deir Ezzor, limitrophe de l'Irak, est entre les mains des insurgés et la ville même de Deir Ezzor a été vidée de 70% de ses habitants, selon l'OSDH qui tire ses informations d'un réseau de militants et de témoins.

Alors que juillet a été le mois le plus sanglant en 16 mois de révolte, selon l'OSDH, le Comité international de la Croix-Rouge a demandé aux belligérants de respecter «pleinement» le droit international humanitaire.

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi à une large majorité une résolution déplorant l'impuissance du Conseil de sécurité dans ce conflit, une critique implicite à l'égard de Moscou et Pékin qui y ont bloqué tous les projets de résolution condamnant le régime de Bachar al-Assad.

Face à l'échec de la diplomatie ayant conduit le médiateur international Kofi Annan à jeter l'éponge, Paris a dit vouloir profiter ce mois-ci de sa présidence du Conseil de sécurité pour concentrer les efforts internationaux sur l'aide humanitaire.

Le premier ministre qatari Cheikh Hamad Ben Jassem Ben Jabr Al-Thani, dont le pays est très critique envers le président Assad, a indiqué pour sa part que les États arabes n'accepteraient pas de nouveau médiateur pour la Syrie si sa mission ne consistait pas à assurer un transfert du pouvoir.