Les soldats syriens, appuyés par des chars et des hélicoptères, livraient bataille dimanche aux rebelles pour reprendre des quartiers de Damas et d'Alep, la 2e ville de Syrie dont l'Armée syrienne libre a annoncé le début de la bataille de «libération».

Au moins 24 personnes ont été tuées dans les violences dimanche, dont 9 à Damas, selon un bilan de l'Observatoire syrien pour les droits de l'Homme (OSDH) qui a annoncé que plus de 19.000 personnes avaient été tuées en 16 mois de révolte.

La situation aux frontières de la Syrie, dont les points d'entrée sont disputés entre l'armée syrienne et les groupes rebelles, suscite l'inquiétude dans les pays voisins, à l'instar d'Israël qui craint que des armes chimiques syriennes tombent aux mains du parti chiite Hezbollah ou de la Jordanie qui veut empêcher «toute sorte d'infiltrations» sur son territoire.

La Turquie, qui accueille des dizaines de milliers de réfugiés, a renforcé son dispositif le long de la frontière en déployant des batteries de missiles sol-air à Mardin (sud-est). La police turque a par ailleurs réprimé à coups de grenades lacrymogènes et de matraques les manifestants syriens qui leur jetaient des pierres pour protester contre leurs conditions de vie dans le camp de réfugiés.

À l'heure actuelle, les rebelles contrôlent un poste-frontière vital avec l'Irak, et trois avec la Turquie.

Sur le front diplomatique, la capitale du Qatar accueille en soirée une réunion ministérielle du comité arabe de suivi sur le conflit en Syrie, le pouvoir du président Bachar al-Assad étant de plus en plus fragilisé après les violents combats à Damas et la mort la semaine dernière de quatre de ses proches collaborateurs.

Dans la capitale syrienne, où le régime a jeté ses unités d'élite dans la bataille selon des militants, l'armée a lancé une offensive contre les quartiers de Barzé (nord-est), Roukneddine (nord) et Mazzé, (ouest).

Les autorités ont en outre annoncé que l'armée avait «nettoyé» le quartier de Qaboune (est) et qu'un grand nombre de «terroristes» y avait été tué.

Selon l'OSDH, des centaines de soldats sont déployés dans le quartier de Mazzé et ont lancé des perquisitions au milieu de tirs nourris.

Les forces régulières, appuyées par des chars et des hélicoptères, ont également pris pied dans Barzé, selon l'OSDH qui a fait état du retrait des combattants rebelles et d'un exode massif des habitants.

Selon un militant s'identifiant par le nom d'Abou Omar, joint via Skype par l'AFP, l'armée se bat également dans le quartier de Roukneddine, à forte composante kurde et les autorités ont lancé des tracts appelant les habitants à l'évacuer.

La télévision publique a démenti que des quartiers de Damas soient pilonnés par les hélicoptères.

Dans le centre de la capitale, des agents de sécurité ont intensifié leur présence, inspectant des voitures et contrôlant les identités, selon des habitants.

«Début de la bataille de libération d'Alep»

Les rebelles se battent depuis près d'une semaine pour la «libération» de Damas, mais l'armée a répliqué vendredi par une contre-offensive qui lui a permis notamment de reconquérir le quartier de Midane.

Dimanche, l'ASL a appelé à la «libération» d'Alep et s'est engagée à y protéger les minorités, notamment chrétiennes et alaouites.

Dans une vidéo postée sur YouTube, le colonel Abdel Jabbar al-Okaidi, commandant du conseil militaire de l'ASL pour la province d'Alep (nord), a affirmé avoir «ordonné à tous les éléments de l'ASL de marcher sur Alep depuis toutes les directions pour la libérer».

L'officier a affirmé que l'ASL, composée de déserteurs et de civils ayant pris les armes, avait jusqu'à présent «réussi à libérer la plupart des positions aux alentours d'Alep».

Un nouveau front s'était ouvert vendredi dans cette ville, capitale économique de la Syrie, et des combats y opposent depuis plusieurs jours l'armée régulière à l'ASL qui a notamment pris le contrôle du quartier de Salaheddine.

Selon un militant, l'ASL tient en outre partiellement les quartiers de Sahour (est), Hanano (est) et Sayf al-Dawla.

L'agence officielle syrienne Sana a pour sa part affirmé que les forces armées «pourchassent depuis dimanche matin les terroristes à Alep», ajoutant qu'un «grand nombre d'entre eux ont été tués».

Des combats ont été également signalés dans l'est du pays, à Deir Ezzor et dans la localité de Boukamal, proche de la frontière avec l'Irak, ainsi qu'à Homs, dans le centre du pays, un des principaux foyers de la contestation.

Dans une tentative de montrer la stabilité du pouvoir, le premier ministre Riad Hijab a affirmé devant le parlement que la «priorité» de son gouvernement formé le 23 juin était la préservation de la sécurité.

Et quatre jours après l'attentat qui a tué quatre des principaux responsables de l'appareil de répression, le président Assad a reçu le général Ali Ayoub, nouveau chef d'état-major de l'armée. Ce dernier remplace Fahd al-Freij, nommé ministre de la Défense après la mort dans l'attentat du général Daoud Rajha.

Les autorités syriennes ont également accusé des services de renseignement occidentaux de chercher, avec l'aide de «parties arabes», à pirater ses chaînes de télévision pour diffuser de fausses nouvelles comme un coup d'État ou la chute du régime.