L'ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, a déclaré vendredi que le président syrien Bachar al-Assad «accepte de partir» mais «d'une façon civilisée», avant de revenir sur ses propos et de réaffirmer les positions traditionnelles de son pays.  

«Il y a eu la rencontre à Genève du groupe d'action, le 30 juin, il y a eu un communiqué final qui prévoyait une transition vers un régime plus démocratique. Ce communiqué final a été accepté par Assad (...). C'est-à-dire, il accepte de partir. Mais partir d'une façon civilisée», a tout d'abord déclaré le diplomate interrogé vendredi matin par Radio France Internationale (RFI).

A la question «Ne pensez-vous pas que Bachar al-Assad est aujourd'hui d'ores et déjà condamné à chuter et que ce n'est plus qu'une question de temps?», le diplomate répond: «Personnellement, je partage votre avis. Je crois que ça sera difficile pour lui de rester après tout ce qui s'est passé».

La télévision d'État syrienne a rapidement démenti vendredi les déclarations de l'ambassadeur de Russie, qu'elle a qualifiées de «totalement sans fondement».

Dans un nouvel entretien à la chaîne d'informations en continu BFMTV, Alexandre Orlov est revenu sur ses propos.

«Si le président Assad a accepté (le communiqué final de Genève) qui prévoit une transition, ça veut dire que peut-être à l'intérieur de lui-même il est prêt à partir si tel est le résultat de ces négociations» devant en principe découler de l'accord du 30 juin, a-t-il dit. «C'est pour ça que j'ai employé le mot départ civilisé», a-t-il ajouté.

«Dire maintenant que l'ambassadeur de Russie a dit que le président syrien est prêt à partir, c'est complètement faux», a-t-il affirmé. «D'ailleurs, c'est la divergence fondamentale entre nous et nos partenaires occidentaux au sein du Conseil de sécurité (de l'ONU), qui demandent justement que le président Assad parte avant qu'on commence les négociations», a-t-il poursuivi.

«Le peuple syrien doit se prononcer pour le régime qu'il veut avoir et un des objectifs de cet organe de gouvernement provisoire (prévu par l'accord de Genève), c'est de préparer une nouvelle Constitution et des élections libres qui vont élire les personnes qui vont diriger la Syrie», a-t-il insisté dans le deuxième entretien.

L'ambassadeur réaffirme ainsi la position de la Russie qui a toujours estimé jusqu'ici que le sort de Bachar al-Assad ne pouvait être décidé que par le peuple syrien sans ingérence étrangère, au contraire des Occidentaux qui appellent à son départ.

L'ambassade de Russie à Paris a également publié une mise au point officielle. «Le droit de décider du sort du président de la République syrienne n'appartient qu'à lui-même et au peuple syrien», a-t-elle insisté.

«La Russie reste ferme sur cette position, estimant que l'arrêt des violences et le lancement du dialogue national inclusif ne peuvent et ne doivent être soumis à aucune condition préalable», a-t-elle ajouté.

Jeudi, Moscou et Pékin ont opposé pour la troisième fois leur veto aux tentatives de l'ONU pour faire pression sur le régime du président Assad depuis le début du conflit en Syrie il y a 16 mois. Ce blocage a déclenché des critiques acerbes des États-Unis et des pays européens qui avaient proposé ce texte.