La Russie a soumis mardi à ses 14 partenaires du Conseil de sécurité un projet de résolution qui prolonge le mandat de la Mission de supervision de l'ONU en Syrie (MISNUS) mais n'évoque pas la menace de sanctions.

Le projet de texte, dont l'AFP a obtenu copie, «prolonge de trois mois le mandat» de la MISNUS, qui expire le 20 juillet, en «tenant compte» des recommandations faites par le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon.

Celui-ci, dans un rapport remis au Conseil la semaine dernière, préconise de  réduire le nombre des observateurs militaires (300 actuellement) et de donner à la MISNUS un rôle plus politique.

Le texte russe «réaffirme le soutien» au plan de paix du médiateur Kofi Annan et demande au pouvoir et à l'opposition syrienne de «commencer immédiatement à appliquer» ce plan ainsi que les directives pour une transition politique définies à la réunion du Groupe d'action pour la Syrie le 30 juin à Genève.

Lors de cette rencontre, les cinq membres permanents du Conseil s'étaient entendus sur la proposition de former un gouvernement de transition en Syrie mais sans mentionner explicitement un départ du président syrien Bachar al-Assad.

Les Occidentaux d'un côté, la Russie et la Chine de l'autre, divergent depuis sur l'interprétation à donner à cet accord. Moscou et Pékin maintiennent qu'il revient aux Syriens de déterminer leur avenir alors que pour les Occidentaux ce document implique le départ de Bachar al-Assad.

Le texte russe «souligne qu'il revient au peuple syrien de trouver une solution politique».

Il ne fait pas mention de possibles sanctions, se contentant de préciser que le Conseil «évaluera l'application de cette résolution et envisagera des mesures ultérieures si nécessaire».

Cette initiative de Moscou intervient à la veille d'un compte-rendu que doit faire M. Annan devant le Conseil, après des visites à Damas, Téhéran et Bagdad.

La résolution «vise à soutenir les efforts de Kofi Annan et son plan de paix», a expliqué à la presse le représentant adjoint russe à l'ONU, Igor Pankin.

Les observateurs de l'ONU, censés surveiller un cessez-le-feu entré en vigueur le 12 avril mais jamais appliqué, ont suspendu leurs patrouilles depuis le 16 juin en raison des violences.

Les Occidentaux, qui réclament des pressions plus fortes sur le gouvernement syrien pour qu'il respecte le plan Annan, devraient rejeter le texte russe, selon des diplomates.

Européens et Américains préconisent une résolution qui se placerait sous le chapitre 7 de la charte de l'ONU, rendant ainsi l'application du plan Annan obligatoire et brandissant la menace de sanctions.

«Notre résolution n'est pas sous chapitre 7», a souligné M. Pankin.

La Russie et la Chine ont opposé leur veto à deux reprises à des tentatives au Conseil de menacer de sanctions le régime de Bachar al-Assad.