Des opposants syriens tentaient lundi au Caire, sous l'égide de la Ligue arabe, d'élaborer une vision commune de l'après-Assad, après avoir rejeté une feuille de route internationale prévoyant un gouvernement de transition malgré la poursuite des violences.

Dans le même temps, 85 soldats syriens, dont un général et une vingtaine d'officiers, accompagnés de plus de 200 proches, ont fait défection et sont arrivés en Turquie, selon l'agence turque Anatolie, ce qui porte à 14 le nombre de généraux syriens ayant franchi cette frontière.

Et à New York, la Haute-commissaire de l'ONU pour les droits de l'Homme, Navi Pillay, a accusé le gouvernement et l'opposition en Syrie de nouvelles violations «graves» des droits de l'Homme.

Le gouvernement a «bombardé de manière aveugle les zones civiles, mené des assassinats ciblés», pratiqué des actes de torture, des détentions arbitraires et des attaques contre des hôpitaux.

Mais l'opposition a assassiné des personnes soupçonnées de collaborer avec Damas, et des groupes armés ont pris au moins un établissement médical «pour des motifs militaires», a-t-elle précisé, mettant en garde contre «un risque d'escalade».

La réunion du Caire, qui doit se poursuivre mardi, «est une opportunité qu'il ne faut manquer en aucun cas», a déclaré le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, en appelant l'opposition à s'unir.

«Le temps ne joue pas en notre faveur», a-t-il ajouté, en soulignant la nécessité d'un «système démocratique pluraliste qui ne fasse pas de discrimination» entre Syriens.

En plus de 15 mois de révolte, la répression puis, depuis quelques mois, les combats entre l'armée de Bachar al-Assad et les rebelles ont fait plus de 16 500 morts, en majorité des civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'objectif de la réunion est de «parvenir à une vision unifiée concernant la période de transition et l'avenir de la Syrie», avait indiqué à l'AFP Georges Sabra, porte-parole du Conseil national syrien (CNS).

Mais les rebelles de l'Armée syrienne libre (ASL), force armée d'opposition principalement composée de soldats déserteurs, ont boycotté la rencontre qualifiée de «complot», rejetant toute négociation avec le régime, selon un communiqué signé de l'ASL et de militants «indépendants».

Ils reprochent aux participants de «refuser l'idée d'une intervention militaire étrangère pour sauver le peuple».

Familles piégées

La réunion intervient alors que les violences se poursuivent en Syrie et que le président Bachar al-Assad a ratifié lundi trois lois prévoyant de lourdes peines pour les responsables d'actes «terroristes» visant à changer la nature du régime.

L'armée syrienne a continué lundi de bombarder des quartiers rebelles de Homs (centre), où des centaines de familles sont toujours piégées et où, selon des militants, des médecins sont forcés d'amputer des blessés en raison du manque criant de moyens médicaux.

Dans la journée de lundi, les violences ont fait au moins 30 morts, dont cinq rebelles, dans plusieurs provinces de Syrie, a annoncé l'OSDH dans l'après-midi.

À la frontière avec le Liban, deux policiers syriens ont été blessés lundi par une roquette tirée à partir du territoire libanais, selon un communiqué de la Sûreté générale libanaise. C'est la première fois que le Liban fait état de tirs contre le territoire syrien à partir du Liban.

Samedi à Genève, le Groupe d'action sur la Syrie, réunissant les cinq membres permanents du Conseil de sécurité (États-Unis, Chine, Russie, France et Grande-Bretagne), mais aussi la Turquie et des pays représentant la Ligue arabe, a trouvé un accord sur les principes d'une transition en Syrie.

L'accord prévoit un gouvernement de transition politique qui pourra inclure des membres du gouvernement actuel et de l'opposition, mais le CNS a regretté qu'il ne comprenne «pas de mécanisme de travail clair ni de calendrier, laissant le régime impuni», et réclamé à nouveau le départ de M. Assad.

Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a appelé lundi la communauté internationale à s'entendre sans délai pour mettre en oeuvre une solution politique en Syrie, en réaffirmant qu'une intervention militaire de l'Alliance n'était pas envisagée.

Dans l'affaire de l'avion de chasse turc abattu le 22 juin par la Syrie, une source militaire russe citée par l'agence Interfax a assuré que Moscou détenait des données positionnelles précises prouvant que l'appareil avait violé l'espace aérien syrien.

Chypre, qui assure la présidence tournante de l'Union européenne, s'est dite «inquiète» de la façon dont la Turquie gérait la crise, évoquant «une certaine instrumentalisation», tout en affirmant que Nicosie travaillerait «avec toutes les parties afin de promouvoir une transition vers la démocratie en Syrie».