Le Conseil de sécurité de l'ONU se réunira mardi pour faire le point sur la mission d'observation en Syrie, suspendue samedi en raison de «l'intensification des violences», et sur le plan de paix de l'émissaire Kofi Annan, ont indiqué lundi des diplomates.

Le général Robert Mood, chef de la mission baptisée Misnus, devrait faire un rapport devant le Conseil mardi à 16 h sur sa décision de suspendre les activités de cette mission en raison de «l'intensification des violences».

«Nous voulons écouter le pronostic du général Mood», a expliqué devant des journalistes l'ambassadeur britannique à l'ONU Mark Lyall Grant.

«Je crois que beaucoup d'États membres du Conseil, y compris nous, allons lui demander quel est l'avenir de cette mission et donc, par extension, du plan Annan, à la lumière des récents développements», a-t-il ajouté.

Le mandat de 90 jours de la Misnus s'étend jusqu'au 20 juillet mais plusieurs pays occidentaux ont indiqué qu'il pourrait être interrompu avant l'heure si les violences continuent d'empirer. La plupart d'entre eux jugent le président syrien Bachar al-Assad unique responsable de cette détérioration.

«Nous sommes très inquiets de la hausse de la violence et nous estimons que le régime syrien en porte la responsabilité», a insisté Mark Lyall Grant, pour qui la décision de la Misnus de suspendre temporairement ses activités n'est pas surprenante.

Ce dernier n'a pas exclu que le mandat de la mission d'observation soit interrompu plus tôt que prévu. «Je crois que nous allons devoir examiner la situation en fonction de ce qui s'est passé, c'est pourquoi je ne l'exclus pas complètement», a-t-il dit.

«Il y a bien sûr de nombreuses questions qui vont être posées (mardi) au sujet de la mission», a renchéri un diplomate d'un autre pays membre du Conseil, sous couvert d'anonymat.

L'ambassadeur chinois à l'ONU Li Baodong, a affirmé à des journalistes que tous les membres du Conseil de sécurité étaient «fortement préoccupés» par la suspension de la mission, et estimé que le gouvernement et l'opposition en Syrie devraient lui «offrir leur entière coopération».

La Chine, aux côtés de la Russie, est l'un des deux membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU qui bloque toute condamnation de la répression en Syrie.

Selon l'ONU, le général Mood souhaitait que les observateurs poursuivent leur travail, mais les conditions sur le terrain étaient trop difficiles.

«Il n'est pas tenable qu'on les empêche de circuler ou qu'on leur tire dessus», a déclaré à des journalistes un porte-parole de l'ONU, Farhan Haq, soulignant les «risques extrêmes» auxquels les observateurs ont été exposés.

Les 300 observateurs de l'ONU étaient arrivés mi-avril pour surveiller un cessez-le-feu approuvé par le régime comme par l'opposition dans le cadre du plan de sortie de crise de l'émissaire international Kofi Annan, resté toutefois lettre morte.

Les observateurs ont plusieurs fois rapporté avoir été empêchés de se rendre sur un site qu'ils souhaitaient voir, et avoir même été pris pour cible.

Les États-Unis ont répété qu'ils étaient prêts à bloquer le renouvellement du mandat de la Misnus. La France, le Royaume-Uni et les États-Unis travaillent par ailleurs sur un projet de résolution qui proposerait des sanctions contre Bachar al-Assad s'il ne respecte pas le plan de paix en six points de Kofi Annan.