La France veut relancer les efforts pour obtenir du Conseil de sécurité de l'ONU une résolution contraignante obligeant le régime syrien à cesser les violences et la répression contre son peuple, qualifiant pour la première fois la situation de « guerre civile ».  

Il faut « avoir recours au chapitre 7 (à l'ONU) pour rendre obligatoires les dispositions du plan Annan », a déclaré mercredi le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, lors d'une conférence de presse.

« Nous travaillons en ce sens et nous espérons que cette mesure interviendra rapidement », a-t-il ajouté. Ce chapitre 7 permet d'imposer des mesures à un pays sous peine de sanctions ou même d'usage de la force.

« Je rappelle que le plan Annan, c'est notamment l'arrêt des violences, le retrait de l'armée des villes, l'acheminement de l'aide humanitaire, c'est à dire tout ce qui rendra possible l'amorce de la transition politique en Syrie et donc le départ de Bachar al-Assad », a indiqué Laurent Fabius.

Jusqu'à présent, la Russie, très proche alliée de la Syrie, et la Chine se sont opposées au Conseil de sécurité à toute action résolue de la communauté internationale dans son ensemble.

Mais Laurent Fabius estime que la position de Moscou et Pékin peut évoluer, car la Syrie est maintenant en situation de « guerre civile », a-t-il jugé, comme l'avait suggéré la veille le chef des opérations de maintien de la paix de l'ONU, Hervé Ladsous.

« Lorsque massivement des groupes appartenant à un même peuple se déchirent et s'entretuent, si on n'appelle pas cela une guerre civile, alors on ne peut pas qualifier ce qui se passe », a assuré M. Fabius. Des enfants sont utilisés comme « boucliers humains », « torturés », « assassinés », « violés » par un « régime de massacreurs » qui « ne mérite pas de continuer à vivre », a-t-il dénoncé.

Paris a noté que la Chine s'est dite mercredi « vivement préoccupée » face à la situation « à un stade critique » en Syrie.

Quant aux Russes, les Français estiment possible de les convaincre de soutenir des mesures coercitives pour faire appliquer le plan Annan qu'ils disent soutenir et qui n'a pas connu de mise en oeuvre sur le terrain depuis son approbation le 21 mars par le Conseil de sécurité.

« On est en train de tout faire pour qu'il y ait une attitude différente des Russes », souligne une source diplomatique. Le directeur politique du quai d'Orsay Jacques Audibert était ce mercredi à Moscou et les Occidentaux vont utiliser les forums des prochains jours (sommet du G20, de Rio, réunion des grandes puissances sur le nucléaire iranien à Moscou).

Pour l'instant, les Russes n'ont cependant guère donné de signe d'ouverture diplomatique, accusant même au contraire mercredi les Américains d'armer l'opposition.

Et les Occidentaux restent hostiles à la volonté russe d'inviter l'Iran, principal soutien de Damas, à une réunion d'un « groupe de contact » ou d'une conférence qui réunirait les membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU, les pays de la Ligue arabe et les voisins de la Syrie.

Ils sont convaincus que Téhéran voudra lier la question syrienne aux négociations sur son programme nucléaire. « Non seulement on n'avancera pas sur la Syrie, mais on n'avancera pas non plus sur la question de l'armement nucléaire iranien », a jugé M. Fabius.

Parallèlement aux efforts à l'ONU, Paris va proposer aux Européens et Américains d'adopter « un nouveau train de sanctions », visant non seulement l'entourage du dirigeant syrien Bachar al-Assad, mais aussi « les cadres de l'armée ».

« Ceux qui prêtent la main aux opérations de répression, il faut qu'ils sachent qu'une liste de responsables intermédiaires va être également préparée, notamment de militaires, et qu'ils seront poursuivis devant la justice », a souligné M. Fabius.