Le nouveau chef de l'opposition syrienne a estimé dimanche que la spirale de violences en Syrie, où 111 personnes ont été tuées samedi en particulier dans des bombardements de l'armée, montrait que le régime touchait «à sa fin».

Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition au régime de Bachar al-Assad, a élu à sa tête le Kurde Abdel Basset Sayda, exilé de longue date en Suède, qui, malgré son manque de notoriété et d'expérience politique, a fait le consensus autour de sa personnalité modérée.

«Nous entrons dans une phase sensible. Le régime touche à sa fin. Les massacres qui se multiplient et les pilonnages montrent qu'il se débat», a déclaré M. Sayda dimanche matin à l'AFP, peu après son élection lors d'une réunion à Istanbul des instances dirigeantes du CNS, qui rassemble islamistes, libéraux, nationalistes, indépendants et militants sur le terrain.

«D'après les informations, le régime a perdu le contrôle de Damas et d'autres villes», a-t-il ajouté, sans donner de précisions. Les combats se sont récemment intensifiés dans la capitale, qui reste cependant la ville la mieux protégée par les forces du régime.

«Le plan (de sortie de crise de l'émissaire international Kofi) Annan existe toujours, mais il n'est pas appliqué. Nous oeuvrerons pour que ce plan soit inclus sous le chapitre VII» de la charte de l'ONU, ce qui permettrait des sanctions économiques, voire un usage de la force, a déclaré M. Sayda.

La Russie et la Chine ont cependant martelé leur opposition à toute condamnation du régime de Damas et à tout recours à la force.

Fin mars, la plupart des opposants syriens avaient reconnu le CNS comme le «représentant formel» du peuple syrien, et en avril, les «Amis du peuple syrien» l'avaient qualifié de «représentant légitime de tous les Syriens».

Mais les militants de l'intérieur s'estiment sous-représentés au sein du CNS, qui n'a pas de coordination avec l'Armée syrienne libre (ASL), force d'opposition armée essentiellement formée de déserteurs.

«Nous voulons renforcer les liens avec les militants sur le terrain et l'Armée syrienne libre (ASL), que nous allons soutenir par tous nos moyens», a assuré M. Sayda.

Le CNS a été critiqué pour le manque de soutien financier et militaire apporté à l'ASL, au risque qu'elle se tourne vers des groupes jihadistes ou étrangers et se coupe de l'opposition politique.



14 100 morts, 15 mois de révolte

Un journal koweïtien a d'ailleurs rapporté dimanche que des dizaines de Koweïtiens combattaient aux côtés de l'ASL. Selon des proches de ces volontaires, d'importants groupes de combattants originaires d'Arabie saoudite, d'Algérie et du Pakistan se trouvent aussi en Syrie.

Le CNS devra pousser à l'action la communauté internationale, paralysée par ses divisions au sujet des moyens de mettre fin aux violences en Syrie qui ont fait plus de 14 100 morts en près de 15 mois de révolte selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Samedi, les violences ont fait encore 111 morts en Syrie, selon l'OSDH, l'un des plus lourds bilans quotidiens depuis l'entrée en vigueur il y a près de deux mois d'un cessez-le-feu continuellement ignoré.

Des centaines de rebelles sont retranchés dans la région de Heffa, située dans la province de Lattaquié (nord-ouest) traditionnellement acquise au régime de Bachar al-Assad, selon l'OSDH.

Cette ville et les villages environnants, où près de 60 soldats et 46 civils et rebelles ont péri dans des combats depuis le 5 juin, étaient bombardés dimanche par l'armée pour le sixième jour consécutif.

«L'armée subit ses pires pertes actuellement à Heffa», a affirmé à l'AFP Rami Abdel Rahmane, président de l'OSDH.

Heffa est une zone majoritairement peuplée de sunnites au sein d'une province à majorité alaouite, confession du clan Assad au pouvoir.

Avec les violences à Heffa, «le littoral n'est plus une zone sûre et tout le pays est désormais impliqué dans la contestation», a souligné M. Abdel Rahmane.

Dimanche, les violences ont fait au moins 12 morts, selon l'OSDH, dont six dans la ville rebelle de Qousseir (centre), également bombardée.

Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a condamné dimanche «les massacres de civils» en Syrie, tandis que le président Shimon Peres a évoqué son «respect» pour les rebelles et souhaité leur victoire.