Les rebelles combattant le régime de Bachar al-Assad en Syrie s'en sont violemment pris jeudi à leur commandement à l'étranger, révélant au grand jour les divisions au sein de l'insurrection.

« Personne n'a le droit de diffuser des communiqués, de prendre des décisions, ou de parler des opérations au nom de l'Armée syrienne libre (ASL) autre que le commandement de l'ASL à l'intérieur de la Syrie », a affirmé à l'AFP le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de ce commandement.

Il réagissait aux déclarations relayées par les médias du colonel Riad Assaad, chef de l'ASL basé en Turquie, qui a démenti l'existence d'un ultimatum lancé au régime pour cesser les hostilités d'ici vendredi midi (5 h, heure de Montréal).

Cet ultimatum a été annoncé dans un communiqué du commandement de l'ASL à l'intérieur de la Syrie, qui a appelé à un respect de la trêve instaurée théoriquement le 12 avril dans le pays en vertu du plan de l'émissaire international Kofi Annan, mais systématiquement ignorée depuis.

« Il n'y a pas d'ultimatum, mais nous espérons que M. Annan annonce l'échec de son plan afin qu'on ne nous reproche pas toute (future) opération contre le régime », a indiqué le colonel Assaad à la chaîne satellitaire arabe Al-Jazeera.

Le colonel Saadeddine a rétorqué qu'« à partir de maintenant, les décisions ne seront prises que de l'intérieur (...) Si quelqu'un veut parler au nom de l'ASL, qu'il s'exprime sur le champ de bataille et non dans les médias ».

« C'est nous qui menons les opérations, c'est nous qui mobilisons la rue », a martelé l'officier, joint via Skype en Syrie.

« Ce sont nos enfants qui sont massacrés, pas les enfants de ceux qui se trouvent dans les hôtels et les camps », a-t-il ajouté, en référence au colonel Assaad ainsi qu'aux autres officiers déserteurs présents en Turquie, dans des camps militaires ou ailleurs.

Il a estimé que le colonel Assaad « ne représentait que lui-même, car il est loin du champ de bataille ». Le colonel Assaad est l'un des premiers officiers à avoir déserté l'armée après l'éclatement de la révolte en Syrie en mars 2011.

Le commandement basé en Syrie mène des opérations contre les troupes du régime. Il est théoriquement chapeauté par le Conseil militaire supérieur de l'ASL, basé lui en Turquie.

Les quelque 300 observateurs de l'ONU déployés en Syrie n'arrivent pas à faire respecter un cessez-le-feu prévu par le plan Annan, entré théoriquement en vigueur le 12 avril mais quotidiennement violé.

Image: AFP/YouTube

Le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de ce commandement de l'ASL.