Un leader de l'opposition syrienne a accusé le régime du président Bachar el-Assad, vendredi, de vouloir saboter le plan de paix de l'ONU qui vise à sortir le pays de la crise.

Sur le terrain, des militants ont rapporté des manifestations dans plusieurs régions du pays, lors desquelles au moins deux personnes ont été tuées par les forces gouvernementales.

Les accusations de l'opposition surviennent au lendemain du double attentat-suicide qui a tué 55 personnes et fait plus de 370 blessés dans la capitale syrienne. Les attentats font craindre la présence d'extrémistes islamistes parmi les opposants qui veulent renverser le régime et infligent un dur coup aux efforts internationaux visant à mettre fin aux violences.

Vendredi, une chaîne de télévision pro-gouvernementale a annoncé que les forces de sécurité avaient déjoué un autre attentat massif à Alep, la plus grande ville syrienne, située dans le nord du pays. Les forces de l'ordre ont abattu un assaillant peu avant qu'il ne fasse exploser un minibus rempli de 1500 kilos d'explosifs.

Dans des images diffusées par la chaîne Ikhbariya TV, on voit un général de la police syrienne montrer à deux observateurs de l'ONU le minibus et quatre conteneurs de métal remplis d'explosifs. Un homme barbu et ensanglanté est assis dans le siège du conducteur et porte apparemment une ceinture explosive.

La chaîne a précisé que l'homme avait tenté de faire exploser le minibus vendredi après-midi dans le quartier de Shaar.

«C'était semblable à l'attaque terroriste qui a visé Damas hier», a dit le général aux observateurs.

Burhan Ghalioun, le chef du Conseil national syrien (CNS), une organisation de l'opposition, a affirmé qu'il n'y aurait pas de solution pacifique au conflit en Syrie sans «une menace de recourir à la force contre ceux qui n'appliquent pas le plan».

«Bachar el-Assad pense qu'il peut se soustraire à ses obligations sans qu'il y ait de conséquences», a dit M. Ghalioun lors d'une conférence de presse à Tokyo, où il a été invité par le gouvernement japonais.

Le chef du CNS a suggéré que le régime était, d'une façon ou d'une autre, derrière les attentats de jeudi à Damas dans une volonté de porter ombrage au soulèvement et de dissuader les citoyens de descendre dans les rues pour manifester.

«La relation entre le régime syrien et Al-Qaïda est très forte», a-t-il dit.

Le double attentat de Damas n'a pas été revendiqué, mais un groupe obscur appelé le Front Al-Nusra a revendiqué d'autres attaques en Syrie sur des sites Internet islamistes. Le groupe est peu connu, mais des experts occidentaux du renseignement pensent qu'il pourrait s'agir d'une couverture pour la filiale d'Al-Qaïda en Irak.

L'Armée syrienne libre, qui regroupe des déserteurs de l'armée, a condamné les attentats et a nié toute responsabilité, accusant le régime de les avoir lui-même organisés.

«Avec ces explosions terroristes, le régime syrien voulait soutenir son allégation stupide au sujet de la présence de gangs et de terroristes armés», a déclaré l'Armée syrienne libre dans un communiqué diffusé par vidéo sur Internet.

Vendredi à Damas, des policiers en uniforme et en civil ont pris position aux intersections majeures avant la grande prière de la mi-journée, après laquelle les manifestants ont l'habitude de se rassembler. La présence policière était bien visible autour des bâtiments gouvernementaux.

Des manifestations ont eu lieu en plusieurs endroits du pays. Les Comités locaux de coordination et l'Observatoire syrien des droits de l'homme ont affirmé que les forces de sécurité avaient ouvert le feu dans le village d'Halfaya, dans le centre du pays, tuant deux personnes.