Deux Casques bleus sont désormais basés à Homs (centre) à la demande des militants qui redoutent de nouvelles violations du cessez-le-feu en Syrie, où une deuxième résolution unanime de l'ONU prévoit le déploiement rapide de 300 observateurs internationaux.

Face aux violations quotidiennes de la trêve, qui ont fait plus de 200 morts depuis son entrée en vigueur le 12 avril, l'émissaire international Kofi Annan a déclaré que Damas devait «une fois pour toutes arrêter d'utiliser des armes lourdes et les retirer des centres de population».

Si le calme est revenu samedi à Homs après des mois de bombardements, les violences ont déjà fait 11 morts dimanche dans le reste du pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

Les forces gouvernementales ont tué six civils, trois dans la province d'Idleb (nord-ouest) et trois dans celle de Damas, dont deux dans un violent assaut sur Douma, dans la banlieue de la capitale.

Parallèlement, quatre soldats ont été tués dans l'explosion d'une bombe près de Douma et un membre des forces de sécurité est mort dans la ville côtière de Banias.

«Depuis samedi soir, deux Casques bleus sont basés à Homs», a déclaré à l'AFP Neeraj Singh, un responsable de l'équipe avancée de l'ONU.

Des vidéos tournées samedi par des militants montrent une réunion entre des observateurs et des habitants et combattants rebelles de Homs leur demandant de rester pour empêcher de nouvelles attaques des troupes.

«S'il vous plaît, restez avec nous (...). Lorsque vous êtes là, le pilonnage s'arrête», lance en anglais un habitant au colonel Ahmed Himmiche, chef de la mission, expliquant que samedi avait été le premier jour sans «bombardement» ni «tuerie» à Homs «depuis le 5 février».

Une autre vidéo de la même réunion montre un officier de l'Armée syrienne libre (ASL, déserteurs), Abdel Razzak Tlass, affirmant aux observateurs qu'ils «sont sous la protection de l'ASL» à Homs.

«Maintenant si vous partez, ils (le régime) vont poursuivre leurs opérations militaires. Ils utilisent des chars, des (obus de) mortiers, des lance-roquettes. En votre présence, tout cela s'est arrêté, nous vous demandons de rester, au moins deux d'entre vous», explique l'officier au colonel Himmiche.

Des observateurs se sont rendus dimanche à Rastane, dans la province de Homs, a rapporté le colonel Saadeddine Kassem, porte-parole de l'ASL qui les a accompagnés dans les rues de cette ville rebelle, affirmant que des tirs d'intimidation avaient eu lieu depuis un barrage militaire au loin, pour disperser les habitants entourant l'équipe.

Les observateurs se sont ensuite rendus à Hama, capitale de la province voisine du même nom, selon Abou Ghazi Hamoui, militant sur place qui a affirmé qu'ils étaient allés sur une place où s'étaient déroulé des manifestations monstres anti-régime durant l'été.

Selon, l'agence officielle Sana «une équipe d'observateurs visite Hama et rencontre le gouverneur de la ville».

Samedi à New York, le Conseil de sécurité de l'ONU a voté à l'unanimité une deuxième résolution sur la Syrie, autorisant l'envoi d'une mission élargie de 300 Casques bleus non armés, après 13 mois de violences qui ont fait plus de 11.100 morts selon l'OSDH.

L'opposition syrienne et l'ASL ont aussitôt salué cette décision, mettant toutefois en garde contre les tactiques du régime pour gagner du temps et ne pas se conformer au plan Annan, qui prévoit le retrait des troupes des villes, la libération des détenus et l'accès des humanitaires et de la presse.

La résolution répond «aux revendications du peuple syrien», a jugé George Sabra, porte-parole du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, tout en appelant à élargir à nouveau cette mission pour la rendre «plus efficace».

Le colonel Kassem Saadeddine, porte-parole de l'ASL, a dit espérer que l'envoi d'observateurs mette fin «aux tueries». «Les forces gouvernementales ne respectent pas le cessez-le-feu, il y a des bombardements quotidiens (...) et les chars sont toujours présents dans les rues», en violation du plan Annan, a-t-il rappelé, affirmant que les rebelles, eux, respectaient la trêve.

Le journal Al-Baas du parti au pouvoir a accusé, au lendemain du vote, «certains pays de vouloir faire échouer le plan Annan» en raison du «refus de la part de certaines parties de toute solution pacifique», citant notamment les Européens «qui préparent un 14e train de sanctions» contre le régime.

Les 300 observateurs doivent être déployés «rapidement» et «pour une période initiale de 90 jours», selon la résolution, mais le chef de l'ONU, Ban Ki-moon, devra auparavant déterminer si «la consolidation» du cessez-le-feu le permet.

Le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a menacé Damas de «toutes les options envisageables» s'il ne respectait pas ses engagements, tandis que son homologue allemand Guido Westerwelle a jugé que «le temps des ruses et des petits jeux tactiques (était) terminé».

«Notre patience est à bout», a insisté l'ambassadrice américaine à l'ONU, Susan Rice. Washington et Paris ont précisé que le renouvellement de la mission après 90 jours ne serait pas automatique.