L'armée syrienne a de nouveau bombardé lundi Rastane, au centre du pays, faisant fi de la pression diplomatique, appelée à s'intensifier avec notamment une visite samedi à Damas de l'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe, Kofi Annan.

Parallèlement à Rastane, les forces du régime de Bachar al-Assad ont lancé une offensive à Yabroud dans la province de Damas et mené des opérations notamment dans la province de Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), qui a recensé six civils tués.

«Nous résisterons (...) c'est une question de vie ou de mort (...) Le monde entier nous a lâchés mais nous ne lâcherons pas la révolution», a affirmé à l'AFP Anas Abou Ali, un responsable de l'Armée syrienne libre (ASL) composée notamment de déserteurs.

«Ce qui se passe à Rastane est identique à ce qui s'est passé à Baba Amr: blocus, tirs d'artillerie et au lance-roquettes», a de son côté estimé Hadi Abdallah, militant à Homs de la Commission générale de la révolution syrienne.

Le quartier de Baba Amr à Homs avait été assiégé et pilonné pendant près d'un mois, avant que l'armée syrienne n'en prenne le contrôle le 1er mars.

Rastane, située sur l'autoroute reliant Damas au Nord, a été déclarée «libre» par les rebelles le 5 février et fait depuis régulièrement l'objet de bombardements. Dimanche, sept civils, dont quatre enfants, y ont péri.

Premier responsable américain de ce niveau à évoquer une intervention militaire en Syrie, le sénateur John McCain a plaidé en faveur de frappes aériennes pour aider l'opposition.

L'élu républicain, candidat malheureux à la présidentielle de 2008, a estimé que Washington devait agir et que cela demanderait «aux États-Unis de supprimer les défenses anti-aériennes ennemies au moins dans une partie du pays».

Sur le plan diplomatique, M. Annan et son adjoint, l'ancien ministre palestinien des Affaires étrangères Nasser al-Qidwa, se rendront samedi à Damas, après avoir rencontré jeudi le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi, a annoncé ce dernier.

Cette visite, saluée par Damas selon la télévision officielle, sera la première de M. Annan, ancien secrétaire général de l'ONU nommé le 23 février «émissaire conjoint de l'ONU et de la Ligue arabe sur la crise en Syrie».

Après sa nomination, M. Annan avait déclaré espérer aller «bientôt» à Damas pour y délivrer un «message clair»: «les massacres et la violence doivent cesser et les agences humanitaires doivent avoir accès» à la population.

La responsable des opérations humanitaires de l'ONU Valerie Amos a dit de son côté qu'elle se rendrait en Syrie à partir de mercredi pour tenter d'obtenir un accès humanitaire «sans entrave».

Pour sa part, la Russie a annoncé une rencontre samedi entre son chef de la diplomatie Sergueï Lavrov et ses homologues arabes au Caire.

Allié de longue date de la Syrie à laquelle elle vend des armes, Moscou a déjà bloqué avec Pékin deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie où les violences ont fait plus de 7500 morts selon l'ONU.

Signe de cette amitié, M. Assad a envoyé une lettre à Vladimir Poutine pour lui exprimer «ses plus sincères félicitations pour sa remarquable élection» à la présidence russe, selon l'agence officielle Sana.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a, lui, invité M. Poutine à «revisiter la politique russe vis-à-vis de la Syrie», tandis que la chef de la diplomatie de l'Union européenne, Catherine Ashton, a estimé que Moscou devait «reconnaître la nécessité d'un nouveau pouvoir» à Damas.

Les États-Unis ont également dit espérer que Moscou adopte un «nouveau regard sur la tragédie en Syrie maintenant que l'élection présidentielle est terminée en Russie».

Washington a par ailleurs annoncé avoir ajouté la radio-télévision publique syrienne à sa liste noire des personnes physiques et morales visées par des sanctions financières.

Le Canada a, lui, renforcé pour la sixième fois ses sanctions, qui visent notamment la Banque centrale et sept ministres.

Pendant ce temps, aux portes de Baba Amr, la Croix-Rouge internationale tentait, pour le 4e jour consécutif, de négocier l'entrée d'un convoi d'aide d'urgence. «Les négociations sont toujours en cours», a indiqué à l'AFP Saleh Dabbakeh, son porte-parole à Damas.

Les autorités ont avancé des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et de mines, pour justifier ce délai dénoncé par la communauté internationale.

«Ils veulent prendre leur temps pour enterrer ou brûler les cadavres et effacer les traces de leurs crimes afin que le CICR ne s'aperçoive de rien», a affirmé Hadi Abdallah, en référence aux centaines de victimes des violences dans ce quartier.

Des militants évoquent des exécutions, des viols et des actes de vandalisme des forces de sécurité mais l'AFP n'est pas en mesure de vérifier ces informations sur le terrain en raison des restrictions imposées aux médias par les autorités syriennes.

Le CICR a pu cependant distribuer de l'aide dans le quartier d'Inchaat, adjacent à Baba Amr.