La Chine a appelé samedi toutes les parties en Syrie à cesser «inconditionnellement» les violences et a refusé toute ingérence humanitaire alors que la Croix-Rouge tentait toujours d'entrer dans un quartier de Homs repris jeudi par le régime après des semaines de pilonnage.

Un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères «presse le gouvernement syrien et les parties concernées à cesser immédiatement, complètement et inconditionnellement tous les actes de violence, particulièrement les violences contre des civils innocents», a rapporté l'agence de presse officielle chinoise.

La Chine, pays ayant bloqué avec la Russie toutes les tentatives de faire adopter à l'ONU des résolutions condamnant la répression de la révolte en Syrie, a en outre répété qu'elle refusait toute ingérence sous prétextes «humanitaires», alors que les forces du régime bloquent l'aide humanitaire pour le quartier de Baba Amr, à Homs.

Les violences dans le pays ont fait samedi au moins 37 morts, dont 14 membres des forces gouvernementales dans des affrontements avec des déserteurs près de Deraa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Deux autres victimes sont mortes dans une explosion à Deraa, qualifiée par les autorités d'attentat suicide.

Depuis le début de la révolte contre le régime de Bachar al-Assad, à la mi-mars, les violences ont fait plus de 7.500 morts, selon l'ONU.

Les corps de la journaliste américaine Marie Colvin et du photographe français Rémi Ochlick, tués le 22 février lors d'un bombardement de Baba Amr, à Homs, sont partis dans la nuit de samedi à dimanche de Damas pour Paris, a indiqué à l'AFP l'ambassadeur de France à Damas Eric Chevallier.

Vendredi, le CICR et le Croissant-Rouge syrien (CRAS) avaient envoyé sept camions transportant une aide urgente aux habitants du quartier, mais le convoi n'a pas encore été autorisé à pénétrer dans le quartier, provoquant la colère de la communauté internationale.

Les autorités ont avancé des raisons de sécurité, en particulier la présence de bombes et mines sur la chaussée.

«Aucune de nos équipes n'était entrée samedi après-midi dans ce quartier et (les autorités) n'ont pas autorisé l'entrée des aides. Nous sommes toujours en négociation», a affirmé le porte-parole du CICR à Damas, Saleh Dabbakeh.

Le chef des opérations du CRAS, Khaled Erksoussi, a confirmé qu'aucune équipe n'était entrée à Baba Amr. «Les autorités nous ont fait savoir que l'accès nous était interdit pour des raisons de sécurité», a-t-il ajouté.

Vendredi, le président du CICR, Jakob Kellenberger avait jugé «inacceptable que des gens qui attendent de l'aide d'urgence depuis des semaines n'aient toujours reçu aucun soutien».

Dans une première réaction officielle à la prise de Baba Amr, le quotidien gouvernemental As Saoura affirmait samedi: «Les services compétents ont rétabli la sécurité et la sûreté dans le quartier de Baba Amr après l'avoir désinfecté des groupes terroristes armés».

Le quartier a été soumis à un pilonnage systématique de l'artillerie, faisant des centaines de morts selon plusieurs organisations de défense des droits de l'Homme et des dégâts considérables, avant que les forces régulières ne le prennent d'assaut.

Le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a estimé que les autorités syriennes commettaient «un crime» en interdisant l'entrée de l'aide humanitaire et a exhorté la communauté internationale à réagir aux «atrocités» du régime.

Le chef de la diplomatie britannique, William Hague a lui estimé que le «refus» de laisser passer l'aide humanitaire souligne que le régime de Bachar al-Assad est «devenu criminel».

La situation en Syrie est «inacceptable», avait affirmé vendredi le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, appelant Damas à «laisser entrer sans conditions préalables» l'aide humanitaire.

Sur le plan politique, M. Ban affirmé que la mission de Kofi Annan, nouvel émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe en Syrie, serait «d'obtenir un cessez-le-feu, de mettre fin à la violence et d'aider à une solution politique» par le biais d'un «dialogue politique».

La Chine a répété qu'elle était opposée à toute ingérence dans les affaires intérieures de la Syrie menée «sous le prétexte de questions +humanitaires+».

«La Chine désapprouve toute intervention armée ou toute pression pour un +changement de régime+ en Syrie», a rapporté l'agence de presse officielle chinoise, citant un responsable du ministère des Affaires étrangères.

«Nous nous opposons à ce que quiconque intervienne dans les affaires intérieures de la Syrie sous le prétexte de questions +humanitaires+, selon cette source.