Deux journalistes occidentaux ont été tués hier par les bombardements de l'armée à Homs, en Syrie. Selon un correspondant de Libération qui se trouvait récemment sur place, le centre de presse où ils ont trouvé la mort était délibérément ciblé par le gouvernement.

«On nous avait conseillé de quitter la ville, de toute urgence, en nous disant «s'ils vous trouvent, ils vous tueront»», a témoigné sur le site de Libération Jean-Pierre Perrin. « Je suis donc parti avec la journaliste du Sunday Times, mais elle, ensuite, a voulu y retourner quand elle a vu que l'offensive n'avait pas eu lieu. «

La journaliste du Sunday Times qui a perdu la vie à Homs est Marie Colvin, une Américaine de 56 ans habituée des zones de conflit. Elle avait notamment perdu un oeil dans une fusillade au Sri Lanka voilà une dizaine d'années et arborait depuis un cache-oeil noir. L'autre victime est Rémi Ochlik, photographe français de 28 ans lui aussi habitué à couvrir les conflits, qui travaillait pour divers quotidiens et magazines français et américains, dont Le Monde et le Wall Street Journal.

Cibles délibérées

Le Telegraph a rapporté sur son site web que des conversations radio interceptées en Syrie prouvaient que l'armée syrienne visait délibérément les journalistes. Mme Colvin avait plusieurs fois, dans des entrevues télévisées, accusé le président Bachar al-Assad de « meurtre «.

Selon la BBC, la Croix-Rouge tente depuis plusieurs jours de convaincre le gouvernement et les rebelles d'établir un cessez-le-feu pour évacuer les blessés, sans succès.

La semaine dernière, un journaliste du New York Times, Anthony Shadid, est mort d'une crise d'asthme alors qu'il se préparait à quitter la Syrie, où il était entré clandestinement par la Turquie. Le journaliste de 43 ans, d'origine libanaise, avait remporté deux prix Pulitzer pour des reportages en Irak et au Liban.

Année meurtrière

Selon Reporters sans frontières, le Moyen-Orient a été le lieu le plus dangereux pour les journalistes en 2011, avec 20 morts. Suivent l'Asie, avec 17 morts, et les Amériques, avec 13. En tout, 66 journalistes ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions en 2011, contre 57 en 2010.

La couverture du Printemps arabe a été particulièrement dangereuse, les autorités libyennes, yéménites et bahreïnies ciblant délibérément les journalistes, selon le Committee to Protect Journalists, une ONG américaine. Au Canada, l'Observatoire du journalisme a signalé plusieurs cas de journalistes canadiens agressés ou intimidés durant la révolution égyptienne, dont des journalistes de TVA, de La Presse et de Radio-Canada. Une journaliste de CBS avait été violée au Caire en février 2011 par des opposants à Moubarak.