La Ligue arabe va fournir un soutien politique et matériel à l'opposition syrienne et demander au Conseil de sécurité la formation d'une force conjointe ONU-Arabes pour mettre fin aux violences en Syrie, les militants dénonçant une grave crise humanitaire à Homs.

L'organisation panarabe va «ouvrir des canaux de communication avec l'opposition syrienne et lui fournir toutes les formes de soutien politique et matériel», d'après le communiqué final d'une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères dimanche au Caire.

Dans le même temps, elle «met fin à la mission» de ses observateurs en Syrie, dont le chef controversé, le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, avait annoncé quelques heures auparavant sa démission.

En revanche, la Ligue va «demander au Conseil de sécurité d'adopter une résolution pour la formation d'une force de maintien de la paix arabo-onusienne conjointe pour superviser l'application du cessez-le-feu», selon ce texte.

L'organisation panarabe appelle en outre ses membres à rompre leurs relations diplomatiques avec la Syrie.

Le Liban a exprimé des réserves sur l'ensemble du communiqué, l'Algérie sur deux articles, dont celui appelant à former une force arabo-onusienne.

Damas a, sans surprise, refusé «catégoriquement» ces décisions, après avoir, avant même le début des réunions, accusé les pays arabes d'être à la solde de l'Occident: «Il n'y aura probablement pas de surprise car les ordres ont déjà été transmis», a écrit le quotidien gouvernemental As-Saoura.

Le chef du Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a déclaré sur Al-Jazira voir dans ces décisions «les premiers pas» vers la chute du régime.

Burhan Ghalioun a qualifié ces décisions de «plus dures que les précédentes», estimant qu'elles allaient faire «regretter au régime syrien d'avoir rejeté les précédentes».

Sur le terrain, au moins 39 civils, ont été tués dimanche, notamment à Homs (centre), a rapporté l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Par ailleurs huit soldats ont été tués dans des affrontements avec des déserteurs à Hama (centre).

Soumise à un pilonnage incessant depuis une dizaine de jours, Homs, la «capitale de la révolution», où plus de 500 personnes ont été tuées depuis le 4 février selon les militants, connaît désormais une crise alimentaire.

Les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation, ont indiqué que «toutes les boulangeries de la ville ont fermé leurs portes», à l'exception d'une seule, celle d'Al Malaab.

Une vidéo diffusée sur internet par des militants montre une foule rassemblée devant cette boutique.

«A Homs, les volontaires du Croissant Rouge syrien (CRS) distribuent de la nourriture, des couvertures et de l'aide médicale à des milliers de gens touchés par la recrudescence des violences», affirme par ailleurs un communiqué commun du CRS et du Comité international de la Croix-Rouge (CICR).

Après les veto russe et chinois à une résolution de l'ONU, Tunis s'est proposé d'organiser le 24 février «une conférence des amis de la Syrie», une proposition de Paris et Washington.

Arabes et Occidentaux doivent par ailleurs lancer cette semaine une nouvelle tentative pour faire condamner Damas, cette fois à l'Assemblée générale de l'ONU --un organe consultatif où le veto n'existe pas--, selon des diplomates.

Moscou et Pékin devraient une fois encore s'opposer à ce projet, préparé par l'Arabie saoudite et le Qatar, très similaire au texte bloqué par leur double veto au Conseil de sécurité le 4 février. L'adoption d'une telle résolution aurait une portée essentiellement symbolique.

Sur le plan politique, la commission syrienne en charge de la nouvelle Constitution a présenté au président Bachar al-Assad un projet qui doit être soumis à référendum début mars, a indiqué l'agence officielle Sana.

A Alep (nord), les autorités ont organisé les funérailles des victimes du double attentat de vendredi (28 morts et plus de 230 blessés), une attaque sans précédent dans la ville jusqu'alors relativement épargnée par les violences et désormais sous haute sécurité.

Le pouvoir a imputé ces attentats à des «gangs terroristes» soutenus par l'étranger et par l'opposition, tandis que cette dernière a accusé le régime de les avoir perpétrées.

Le vice-ministre syrien des Affaires étrangères, Fayçal Mekdad, cité par Sana, a assuré détenir des preuves que des «pays voisins», qu'il n'a pas nommés, soutenaient ces «terroristes», dénonçant une «campagne de désinformation (...) hystérique» contre la Syrie.

En Jordanie, les Frères musulmans ont appelé au «jihad» (guerre sainte) contre le régime Assad, estimant qu'il s'agissait d'un «devoir islamique», quelques heures après que le chef d'Al-Qaïda, Ayman al-Zawahiri a demandé dans une vidéo aux musulmans de Turquie, de Jordanie et du Liban de soutenir la rébellion.