Télécommunications et électricité coupées, infrastructures détruites, nourriture de plus en plus rare: les forces syriennes resserrent l'étau sur la ville rebelle de Homs, déterminées à y écraser la résistance, ont rapporté mercredi des militants sur place.

«Depuis l'aube, les bombardements aux roquettes et aux obus de mortier ont été extrêmement intenses», a indiqué Omar Chaker, un militant joint depuis Beyrouth sur un téléphone satellitaire.

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Selon lui, les bombardements sont destinés à préparer le terrain à un assaut terrestre contre Homs, «la capitale de la révolution», et visent surtout le quartier sunnite de Baba Amr où il se trouve et dont certaines zones sont entièrement rasées.

L'électricité et les communications sont coupées, ont affirmé l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et M. Chaker.

Homs (centre), qui compte 1,6 million d'habitants, est la cible d'un assaut sans précédent depuis cinq jours, qui a fait 400 morts selon l'OSDH.

À Baba Amr, les forces armées ont «détruit toutes les infrastructures, bombardé les réservoirs d'eau et les poteaux électriques», décrit M. Chaker, estimant à 40% la proportion des bâtiments touchés dans ce quartier.

Les forces de sécurité ont tiré des balles et des obus, détruisant de nombreux bâtiments, dont une maison où une fillette est décédée, selon l'OSDH. Les quartiers de Khaldiyé, Karm al-Zeïtoune, Wadi Iran et Bayada sont aussi visés.

«La situation humanitaire est terrible et la nourriture commence à manquer», a ajouté M. Chaker. «Nous essayons de mettre sur pied un hôpital de campagne mais nous n'avons pas de matériel médical adéquat».

Mercredi, au moins 50 personnes ont été tuées à Homs, dont trois familles entières, a indiqué l'OSDH.

Les familles Ghantaoui, Terkaoui et Zamel, soit 20 personnes y compris les femmes et les enfants, dont une fille de 15 ans et des enfants de 5 et 7 ans, ont été tuées avant l'aube à leur domicile dans les quartiers de Karm al-Zeïtoune et Nazihine, a précisé l'organisation.

Hadi Abdallah, un militant présent à Homs joint sur un téléphone satellitaire, a indiqué que les 20 victimes avaient été égorgées.

Il n'était pas possible de vérifier dans l'immédiat ces informations sur le terrain en raison des fortes restrictions imposées au déplacement des journalistes étrangers en Syrie, où le régime fait face depuis la mi-mars 2011 à un soulèvement populaire sans précédent.

Selon M. Abdallah, des informations circulaient mercredi sur des colonnes de chars faisant route vers Homs, depuis Damas.

«Les explosions sont assourdissantes. Nous ne pouvons atteindre certaines zones en raison de l'intensité des bombardements et de la présence de snipers», a-t-il dit, ajoutant qu'il était très difficile de savoir ce qui se passe, car «les communications ont été coupées».

Des chars seraient entrés dans le quartier d'Inchaat, écrasant des voitures, pendant que des soldats pillaient des commerces alimentaires, selon lui.

Un docteur exerçant à Baba Amr, Ali Hazouri, 27 ans, raconte qu'un hôpital de campagne installé par des militants avait été touché à plusieurs reprises et que plusieurs médecins avaient été blessés, certains grièvement.

«Un secouriste de la Croix-Rouge a eu les deux jambes coupées par un bombardement», a-t-il ajouté. «Nous avons fermé l'hôpital et soignons les blessés à domicile». Il y aurait environ 500 blessés à Baba Amr seul, dont la moitié sont des femmes et des enfants, selon lui.

«Il faut que la Croix-Rouge puisse entrer pour évacuer les blessés», lance-t-il. «Et nous avons besoin de nourriture».

Médecins sans frontières, citant des témoignages, a accusé le régime syrien d'arrêter les blessés dans les hôpitaux publics, de prendre pour cibles des hôpitaux improvisés et de contrôler la distribution du sang.

Lutte au terrorisme?

Un «groupe terroriste» a fait exploser mercredi une voiture piégée à Homs tuant et blessant plusieurs personnes dont des civils et des membres des forces de sécurité, a rapporté la télévision d'État syrienne.

Les autorités affirment «pourchasser les groupes terroristes» à Homs, haut lieu de la contestation contre le régime, en les accusant d'être à l'origine des violences. Mais les militants syriens affirment que c'est l'armée qui poursuit un assaut sanglant sur la ville pour étouffer la révolte.