Le gouvernement syrien a libéré, mercredi, 755 prisonniers arrêtés au cours des neuf derniers mois dans le cadre du soulèvement populaire contre le régime de Bachar El-Assad, tandis que les observateurs de la Ligue arabe ont circulé dans divers quartiers de Homs, épicentre des affrontements, pour voir si le régime respecte l'accord visant à mettre fin à la répression sanglante des manifestations.

De nouvelles violences ont été rapportées au cours de la journée dans le pays. Deux personnes ont été tuées dans le quartier de Bab Amr, à Homs, et au moins six autres à Hama, où l'on signale aussi de nombreux blessés, selon des militants sur le terrain. À Hama, les forces de sécurité ont tiré sur plusieurs milliers de manifestants antigouvernementaux pour les disperser, alors que ceux-ci tentaient d'organiser une manifestation silencieuse.

Selon des militants, des observateurs de la Ligue arabe devraient se rendre jeudi à Hama, à Idlib et à Deraa, des villes où de nombreux civils ont été tués au cours des derniers mois.

Par ailleurs, quatre soldats de l'armée syrienne ont été tués et 12 autres ont blessés lors d'une embuscade tendue par des déserteurs dans la province de Deraa, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme. L'embuscade visait un convoi de soldats et de membres des forces de sécurité qui circulait entre les localités de Khirbet Ghazaleh et de Dael, dans la province de Deraa, d'où est parti le mouvement de contestation en mars. Les attaques de déserteurs contre des membres de l'armée régulière se multiplient depuis quelques semaines.

La libération de plusieurs centaines de prisonniers, annoncée par l'agence de presse officielle SANA, survient après les accusations de Human Rights Watch (HRW), selon lesquelles les autorités syriennes ont dissimulé plusieurs centaines de détenus aux observateurs arabes arrivés depuis peu sur le terrain.

L'organisation américaine affirme que les prisonniers ont été transférés sur des sites militaires éloignés des zones où les observateurs sont susceptibles de se rendre. Human Rights Watch a appelé les observateurs à insister pour avoir un accès total à tous les sites où pourraient se trouver des personnes détenues.

Damas affirme de son côté que les observateurs de la Ligue arabe pourront accéder librement à tous les endroits en proie à des troubles, mais qu'ils ne seront pas autorisés à visiter les sites militaires jugés sensibles.

«La Syrie a montré que rien ne l'arrêtera» pour saper le travail des observateurs, a estimé Sarah Leah Whitson, spécialiste du Moyen-Orient chez Human Rights Watch. Selon elle, il est essentiel pour la Ligue arabe de «tracer des lignes claires» concernant l'accès aux détenus.

D'après l'agence SANA, aucun prisonnier ayant du «sang sur les mains» ne figure parmi ceux qui ont été libérés mercredi.

En novembre, les autorités syriennes avaient libéré 2645 prisonniers, mais selon des militants, des milliers d'autres arrêtés au cours des derniers mois restent derrière les barreaux.

Mardi, une soixantaine d'observateurs de la Ligue arabe ont entamé leur mission, qui doit durer un mois. Il s'agit des premiers observateurs étrangers autorisés à entrer dans le pays depuis le début du soulèvement. Certains se sont directement rendus à Homs, où au moins quatre d'entre eux se trouvaient toujours mercredi, selon un responsable de la municipalité.

Majd Amer, un militant de Homs, a confié que des membres de l'opposition souhaitaient rencontrer les observateurs, mais qu'ils ne savaient pas comment faire. «Ils (les observateurs) sont des otages entre les mains du régime (...) Ils sont totalement dépendants des autorités pour se déplacer, téléphoner ou même avoir de quoi manger et boire», a-t-il affirmé.

Mardi, les chars qui pilonnaient Homs depuis plusieurs jours se sont retirés de la ville, juste avant l'arrivée des observateurs. Profitant de l'accalmie, des dizaines de milliers de citoyens sont à nouveau descendus dans les rues de la ville pour défier le régime.