Les forces syriennes ont lancé lundi une offensive militaire contre la ville de Homs, un bastion de la contestation du régime, faisant au moins 29 morts, alors que l'opposition en appelait à la Ligue arabe et à l'ONU pour mettre fin à la «tragédie» de la répression.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de 18 morts dans le quartier de Baba Amro, qui a essuyé «des tirs d'obus et de mitrailleuses lourdes». «Le pilonnage est plus intense que les trois derniers jours», selon l'OSDH.

Onze civils ont péri dans d'autres quartiers de Homs, selon la même source. En outre, une femme a été tuée à Talbissé, et un homme à Rastan, deux localités près de Homs.

D'importantes manifestations contre le régime, violemment réprimées, se déroulent régulièrement à Homs (160 km au nord de Damas), troisième ville du pays, où ont lieu également des affrontements meurtriers entre l'armée et des déserteurs.

Trente-sept civils au total ont été tués lundi par les forces du régime dans le pays, selon l'OSDH.

Outre les morts à Homs, quatre civils ont été tués dans la province de Hama et deux autres dans celle d'Idleb.

Dans cette province, quatre déserteurs ont été tués lors d'affrontements avec l'armée régulière dans le village d'al-Younsié, près de la frontière turque.

Des affrontements similaires ont eu lieu à Chifounia, un village près de Damas. Au moins sept militaires ont été tuées dans ces heurts, indique l'OSDH sans préciser s'il s'agit de déserteurs ou de soldats de l'armée régulière.

Des tirs très importants ont par ailleurs été entendus à Barzé, un quartier de Damas, où avait eu lieu plus tôt une manifestation contre le régime, selon la même source.

Selon l'ONU, plus de 5000 personnes ont été tuées en Syrie depuis le début de la révolte contre le régime du président Bachar al-Assad.

Le Conseil national syrien, qui regroupe la majorité de l'opposition, a pressé lundi la Ligue arabe et l'ONU de mettre un terme à la «tragédie» en Syrie.

Il a demandé au Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter le plan de la Ligue arabe sur la Syrie pour lui donner «plus de force».

«Le plan arabe est un bon plan pour désamorcer la crise mais je crois que la Ligue arabe n'a pas vraiment les moyens de faire appliquer ce plan», a déclaré Burhan Ghalioun, président par intérim du CNS, lors d'une conférence de presse à Paris.

«Les observateurs travaillent dans des conditions que la Ligue arabe dit ne pas être bonnes (...) Je pense qu'on a mal négocié peut-être les conditions de travail des observateurs», a poursuivi M. Ghalioun.

Il a affirmé que des observateurs de la Ligue arabe se trouvaient déjà à Homs, mais «ils ont déclaré qu'ils ne pouvaient pas aller là où les autorités ne veulent pas qu'ils aillent».

L'OSDH a affirmé de son côté que les forces de l'ordre «ont changé les poteaux indicateurs des noms des lieux» dans des zones de Jabal al-Zaouia, dans la province d'Idleb (nord ouest), afin d'induire les observateurs en erreur.

Une première équipe de la Ligue était arrivée jeudi à Damas pour préparer la mission des observateurs, dont une délégation d'environ 50 experts civils et militaires arabes était attendue lundi soir en Syrie, dans le cadre d'un protocole signé par Damas et la Ligue arabe.

«La mission a la liberté de se déplacer en coordination avec la partie syrienne et conformément au protocole», a assuré lundi le porte-parole du ministère syrien des Affaires étrangères, Jihad Makdissi.

La mission, dirigée par le général soudanais Mohammed Ahmed Moustapha al-Dabi, fait partie du plan de sortie de crise de la Ligue arabe, qui prévoit l'arrêt des violences, la libération des détenus, le retrait de l'armée des villes et la libre circulation dans le pays pour les observateurs arabes et la presse.

Damas avait accepté ce plan le 2 novembre, tout en continuant de réprimer dans le sang la révolte.