L'Organisation des Nations unies a établi à au moins 4000 morts le bilan de la répression en Syrie, où des manifestations contre le régime de Bachar al-Assad se succèdent depuis la mi-mars.

Mais le président syrien nie tout rôle dans ces violences, affirmant que la plupart des victimes ont en fait été des soldats ou des partisans de son gouvernement.

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«Nous ne tuons pas notre peuple», a-t-il déclaré dans une interview à Barbara Walters, de la chaîne américaine ABC. «Aucun gouvernement au monde ne tue son peuple, sauf s'il est dirigé par un fou.»

L'intervieweuse est revenue à la charge à plusieurs reprises avec des exemples précis de manifestants tués, battus ou torturés. Mais le président syrien a rejeté ces «fausses allégations», mettant tout usage excessif de la force sur le compte de quelques militaires zélés.

«Ce que vous devez savoir, c'est que chaque réaction brutale a été le fait d'un individu et non d'une institution, a-t-il déclaré à Mme Walters. Il y a une différence entre une politique de répression et quelques erreurs commises par quelques responsables.»

«Il n'a en aucun cas été ordonné de tuer ni d'être brutal», a-t-il ajouté.

Il a également affirmé que l'ONU n'avait fourni aucune preuve matérielle des violations «grossières et systématiques» dont elle a accusé son régime.

Washington incrédule

La Maison-Blanche a réagi avec incrédulité aux propos de Bachar al-Assad.

«Ce n'est tout simplement pas crédible, a déclaré Jay Carney, porte-parole de la présidence américaine. Le monde entier a été témoin de ce qui s'est passé en Syrie. Les États-Unis et beaucoup, beaucoup d'autres pays, qui ont condamné de concert les atrocités perpétrées en Syrie par le régime Assad, savent bien ce qui se passe et qui est responsable.»

Le porte-parole du département d'État, Mark Toner, a déclaré de son côté que le président syrien était soit «coupé» de la réalité, soit «fou».

«Il y a là soit un déni, soit du mépris, ou alors, comme il l'a dit, de la folie, je ne sais pas», a-t-il dit.

Il s'agissait de la première interview de Bachar al-Assad avec un journaliste américain depuis le début du mouvement de contestation dans son pays. Parlant d'une voix calme et posée, le président syrien s'est félicité des «réformes» mises en oeuvre dans son pays au cours des derniers mois.

Il a en outre affirmé ne rien craindre des sanctions imposées contre son pays par des pays occidentaux et la Ligue arabe.

«Nous sommes sous le coup de sanctions depuis 30 ou 35 ans, Ce n'est pas nouveau», a-t-il dit. «Nous ne sommes pas isolés. Des gens vont et viennent, il y a du commerce, il y a de tout.»

Ce qu'il a dit

«Nous ne tuons pas notre peuple [...] Aucun gouvernement au monde ne tue son peuple, sauf s'il est dirigé par un fou.»

«Qui a tué qui? La plupart des gens qui ont été tués étaient des partisans du gouvernement, et non l'inverse.»

«J'ai fait de mon mieux pour protéger la population. On ne peut pas se sentir coupable quand on fait de son mieux. On est triste pour ceux qui ont perdu la vie, mais on ne se sent pas coupable quand on ne tue pas les gens. Il n'est donc pas question de culpabilité.»

«Quand j'estimerai que le soutien de l'opinion a diminué, je ne serai plus ici. Je suis devenu président grâce au soutien du peuple.»