Le vice-président américain Joe Biden, en visite en Turquie, a sommé le président syrien Bachar al-Assad de quitter le pouvoir afin de permettre une «transition pacifique» en Syrie et a salué la fermeté d'Ankara à l'égard du régime de Damas.

«La position des États-Unis sur la Syrie est claire: le régime syrien doit mettre fin à la répression à l'encontre de son propre peuple et le président Assad doit quitter son poste», a-t-il déclaré au journal turc Hürriyet, avant son déplacement dans la capitale turque.

M. Biden, arrivé jeudi soir en Turquie en provenance d'Irak, a affirmé que son gouvernement, qui a déjà exhorté le président syrien à quitter le pouvoir, souhaitait une «transition pacifique» en Syrie.

«Une stabilité durable ne peut être assurée en Syrie qu'avec l'arrivée au pouvoir d'un gouvernement qui écoute et subvient aux besoins de son peuple au lieu de pointer sur lui une arme», a-t-il estimé.

Il a insisté sur la «stabilité» de la Syrie, frontalière de la Turquie, pays allié des États-Unis, qui en plus est membre de l'OTAN, et un important partenaire régional.

Le vice-président a en outre salué la fermeté dont fait preuve Ankara vis-à-vis de Damas, ancien allié de la Turquie, ainsi que le dialogue engagé avec l'opposition syrienne.

«Il est temps pour l'ensemble de la communauté internationale de s'unir pour isoler un régime qui a systématiquement violé les droits de l'homme et réprimé des manifestations pacifiques», a ajouté M. Biden.

Le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a demandé à Bachar al-Assad de partir et son gouvernement a rendu publiques mercredi des sanctions contre son régime.

Les États-Unis et la Turquie ont indiqué craindre une guerre civile en Syrie où le mouvement de contestation du régime a fait 4000 morts depuis mars, selon l'ONU.

«La dernière chose que nous souhaitons en Syrie est une guerre intestine», a indiqué jeudi le chef de l'État turc Abdullah Gül.

Sur le dossier de la lutte contre les rebelles kurdes du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), mouvement considéré comme «terroriste» par la Turquie, les États-Unis et de nombreux autres pays, le responsable américain a souligné que Washington accroîtrait «la pression» sur les rebelles qui ont multiplié les attaques, notamment à partir de leurs repaires en Irak.

Les Américains ont récemment fourni aux Turcs des drones et des hélicoptères de combat à cette fin.

Notre coopération contre le PKK «se poursuivra d'une manière encore plus ferme», a déclaré M. Gül au terme de l'entretien, a écrit l'agence de presse Anatolie.

M. Biden a en outre critiqué le fait qu'un séminaire orthodoxe, élément essentiel du patriarcat oecuménique d'Istanbul, fermé il y a 40 ans, ne soit toujours pas rouvert, parlant d'une «anomalie».

Il doit d'ailleurs rencontrer samedi le patriarche de Constantinople (l'actuelle Istanbul) Bartholomée Ier, chef spirituel de l'Église orthodoxe, a-t-on souligné de source américaine.

M. Biden a rencontré vendredi le président du Parlement Cemil Ciçek, puis a été reçu par M. Gül.

La rencontre prévue avec M. Erdogan ainsi que leur point de presse ont été annulés, le premier ministre se remettant d'une opération de l'intestin. Mais M. Biden va lui rendre visite samedi à sa résidence stambouliote, selon Anatolie.

M. Biden est passé dans l'après-midi à Istanbul afin d'y participer samedi à un sommet d'investisseurs placé sous le signe de la libre entreprise.

Le gouvernement islamo-conservateur de M. Erdogan entretient des relations cordiales avec le gouvernement du président Barack Obama.

Si les États-Unis ont applaudi le refroidissement des relations entre Ankara et Damas, ils se sont inquiétés de l'éloignement entre la Turquie et Israël, deux de leurs alliés, à la suite d'un abordage fatal par l'armée israélienne d'un bateau turc transportant de l'aide humanitaire destinée à Gaza en 2010.