La commission des droits de l'homme de l'Assemblée générale des Nations unies a adopté mardi une résolution condamnant la répression sanglante des manifestations en Syrie, les pays européens espérant que le Conseil de sécurité lui emboîtera le pas.

La résolution, adoptée à une large majorité de 122 votes pour, 13 contre et 41 abstentions -- dont celles notables de la Russie et de la Chine --, condamne les «exécutions arbitraires et l'usage excessif de la force» contre les manifestants qui réclament le départ du président Bachar al-Assad.

Elle appelle les «autorités syriennes à cesser immédiatement toutes les violations des droits de l'Homme» de même que la «persécution» des manifestants.

Le texte «condamne sévèrement les violations des droits de l'Homme graves et systématiques par les autorités syriennes», ainsi que «le meurtre de manifestants et de défenseurs des droits de l'Homme».

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), 17 personnes, dont 6 enfants et adolescents, ont été tuées mardi en Syrie par l'armée et les forces de sécurité.

La France, un des trois parrains européens de la résolution avec la Grande-Bretagne et l'Allemagne, s'est félicitée du vote de mardi, son ministre des Affaires étrangères Alain Juppé appelant «avec force» Damas à entendre ce message et à en «tirer sans délai toutes les conséquences».

Le ministre britannique des Affaires étrangères William Hague a quant à lui salué «le signal d'unité» envoyé par l'Assemblée générale, se félicitant en particulier du soutien de plusieurs pays arabes.

Le Premier ministre britannique David Cameron a jugé qu'une «guerre civile totale» en Syrie était désormais «vraiment possible», à l'issue d'un entretien à Londres avec le président turc Abdullah Gül.

La résolution de mardi est coparrainée par plus de soixante pays, dont six pays arabes: Arabie saoudite, Maroc, Jordanie, Qatar, Bahreïn et Koweït.

L'ambassadeur allemand à l'ONU Peter Wittig a pour sa part estimé que le Conseil de sécurité ne pouvait plus rester à la traîne. «Nous allons encourager le Conseil de sécurité à revenir sur cette question», a-t-il dit.

La résolution condamne également «les détentions arbitraires, les disparitions forcées, la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus, dont des enfants». Elle appelle les autorités syriennes «à mettre en oeuvre le plan d'action de la Ligue arabe dans sa totalité et sans délai».

A l'issue du vote, l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bachar Jaafari, a accusé la Grande-Bretagne, la France et l'Allemagne «d'incitation à la guerre civile» dans son pays.

Les pays européens mènent selon lui «une guerre politique, diplomatique et médiatique».

Grande-Bretagne, France et Allemagne sont responsables d'une «escalade de la violence dans mon pays» et disséminent «une sédition violente» en Syrie, a lancé M. Jaafari.

Ce texte est pour l'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne une première étape dans leur tentative de réintroduire devant le Conseil de sécurité une résolution visant le président Assad.

Mais des diplomates ont souligné que ce processus risque de prendre des semaines, sans garantie de succès, avant que la Chine et la Russie ne soient convaincues de changer de position.

Le mois dernier, Moscou et Pékin avaient, en opposant leur veto, torpillé un projet de résolution au Conseil de sécurité condamnant les actes de M. Assad dans son pays où, selon l'ONU, au moins 3.500 personnes ont été tuées depuis le début des manifestations en mars.

La suspension de la Syrie par la Ligue arabe et l'adoption de sanctions a néanmoins renforcé l'option d'une résolution au Conseil de sécurité, selon des diplomates occidentaux.

La chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton a elle condamné dans les termes les plus forts la répression brutale en Syrie» à l'occasion d'une rencontre avec des représentants de l'opposition syrienne, selon son porte-parole.