L'Armée syrienne libre, qui a revendiqué mercredi une attaque contre un centre des services secrets, compte des milliers de soldats ayant fait défection pour se joindre à la révolte contre le régime de Bachar al-Assad.

Dirigée par un colonel déserteur réfugié en Turquie, Riad al-Assad, l'Armée syrienne libre (ASL) a intensifié ses opérations contre l'armée régulière revendiquant mercredi une attaque contre un centre des services secrets près de Damas.

Un centre des services secrets syriens a été attaqué mercredi par des soldats déserteurs, près de Damas, ont indiqué les Comités locaux de coordination (LCC), qui coordonnent les manifestations sur le terrain contre le régime de Bachar al-Assad.

Cette attaque a été menée à l'aube par «l'Armée syrienne libre», une force d'opposition armée dont la création a été annoncée en juillet par le colonel Riad al-Assad, qui a déserté et s'est réfugié en Turquie, selon la même source.

«L'Armée libre a frappé avec des roquettes le quartier général des services de renseignements aériens situé à l'entrée de Damas», ont expliqué les LCC dans un communiqué.

Les militants, qui ont joint au texte un plan de l'attaque, ont indiqué que les prisonniers détenus par les services secrets «allaient bien», mais que leur opération n'avait pas permis leur libération.

Les défections et les affrontements entre soldats de l'armée régulière et déserteurs se sont multipliés ces dernières semaines.

Lundi, dans la province de Deraa (sud), «34 soldats (ont) péri lors d'affrontements avec des hommes armés, vraisemblablement des déserteurs, dont 12 sont morts», selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

La Syrie est secouée depuis la mi-mars par un mouvement de contestation sans précédent, qui tend à dégénérer en conflit armé. La répression de la contestation a fait plus de 3500 morts, selon l'ONU.

Le colonel Assad a fondé fin juillet l'ASL après avoir annoncé qu'il avait déserté l'armée régulière en raison de la répression violente de la contestation populaire lancée à la mi-mars contre le régime qui a fait plus de 3500 morts selon l'ONU.

L'ASL a revendiqué plusieurs opérations ayant fait plusieurs morts et blessés parmi les forces du régime, notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest) et dans la ville de Homs (centre) ainsi que sa région et dans la province de Deraa (sud), berceau de la contestation.

La «Brigade des officiers libres», fondée par le lieutenant-colonel Hussein Harmouche, s'est jointe fin août à l'ASL, selon un des dirigeants de l'Armée syrienne libre, qui selon le capitaine Hassan, qui a souhaité ne pas donner son nom complet, compte environ 17 000 militaires.

Le Lieutenant-colonel Harmouche a été le premier officier de l'armée à annoncer début juin sa désertion pour protester contre la répression.

Il avait réussi à quitter la Syrie et a fondé la «Brigade des officiers libres» formée de dizaines d'officiers déserteurs, avant de se retrouver aux mains des autorités du régime dans des circonstances non élucidées.

Selon des sources de l'opposition, il aurait été enlevé en Turquie et remis aux autorités de Damas, mais l'officier déserteur avait déclaré lors d'«aveux» diffusés par la télévision syrienne avoir décidé de «rentrer» au pays.

L'ASL vient pour sa part d'annoncer la création d'un conseil militaire provisoire qui cèdera ses prérogatives dès l'élection d'un gouvernement démocratique.

«Plus haute autorité militaire de Syrie», ce conseil dirigé par le colonel Riad al-Assad, interdit à ses membres, tout comme pour l'ASL, d'appartenir à un parti politique ou religieux quelconque. Il comprend outre M. Assad, quatre colonels, trois lieutenants-colonels et un commandant.

Il aura pour mission de veiller à la mise en oeuvre des «objectifs de l'ASL, c'est-à-dire faire tomber le régime actuel, protéger les biens publics et privés et empêcher l'anarchie dès la chute du régime ainsi que tout acte de vengeance», selon un communiqué.

Chargé des opérations militaires et du maintien de la sécurité, il oeuvrera également à organiser, armer et entraîner l'ASL et prendra ses décisions à la majorité des deux tiers.

Ce conseil envisage d'instaurer une cour militaire pour juger les membres du régime impliqués dans des meurtres et des agressions contre la population ou des sabotages de biens publics ou privés notamment, et une police militaire.