L'opposition syrienne a appelé lundi à une «protection internationale» des civils en parlant de «massacres barbares» à Homs, un haut lieu de la révolte pilonné et assiégé par les troupes du régime de Bachar al-Assad.

Aucune pression régionale ou internationale ne semble pour l'instant pouvoir arrêter la machine de guerre du régime, qui tente de mater dans le sang depuis le 15 mars le mouvement de contestation qui réclame le départ de M. Assad.

Malgré son accord le 2 novembre à un plan arabe de sortie de crise, les forces du régime ont continué les opérations sécuritaires faisant plus de 70 morts en majorité à Homs (centre). Avant les Arabes, les Occidentaux avaient même imposé des sanctions contre le pouvoir, mais en vain.

Le Conseil national syrien (CNS), qui regroupe la majorité des courants de l'opposition, a dénoncé «les massacres barbares» perpétrés par le régime et a réclamé «l'envoi immédiat d'observateurs arabes et internationaux à Homs (centre)».

«Nous demandons aux organisations d'appliquer les lois internationales ayant trait à une ville sinistrée», a-t-il indiqué dans un communiqué. Les opposants ont surnommé Homs, troisième ville du pays qui a donné le plus de «martyrs», «capitale de la Révolution» syrienne.

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a dit qu'il discuterait avec ses partenaires de l'ONU de cet appel à la protection internationale. «Le comportement du régime est inacceptable, on ne peut pas lui faire confiance», a-t-il réaffirmé.

Selon les ONG syriennes, l'armée a lancé avant l'aube une attaque d'envergure contre les quartiers de Homs, avec des «assassinats» perpétrés par les milices qui lui sont fidèles.

«Les corps jonchent le sol», selon le CNS. L'armée du régime a recours à «l'artillerie lourde, aux roquettes et à l'aviation pour bombarder les quartiers résidentiels. Elle encercle Homs pour le 5e jour consécutif afin de briser la volonté de ses habitants qui ont osé rejeter l'autorité du régime».

«Les forces armées sont entrées dans le quartier de Baba Amro à Homs après des affrontements entre l'armée et des déserteurs présumés», a indiqué l'Observatoire syrien de droits de l'Homme (OSDH). «Elles ont ensuite commencé à démolir les magasins».

Ailleurs à Homs, un civil a été tué par les tirs des forces de sécurité dans le quartier de Deir Baalbé, et une fillette de huit ans est décédée par des tirs depuis un barrage de la Sécurité à Houla.

Selon l'OSDH, de violents affrontements à l'artillerie lourde entre soldats et déserteurs présumés à Homs ont fait des «dizaines de morts et de blessés dans les deux camps». Les habitants ont aperçu un camion «rempli de corps».

Dans le gouvernorat d'Idleb (nord-ouest), des soldats se sont déployés sur la route internationale Khan Cheikhoune/Maaret al-Nooman. «Ils contrôlent les voitures à la recherche» de militants, après de violents affrontements nocturnes dans le secteur entre soldats et déserteurs présumés près du village Hich.

L'Armée libre de Syrie (ALS), un mouvement d'opposition armée, a revendiqué une opération près de Hich. «L'un de nos bataillons a attaqué une patrouille d'agents de sécurité et de Chabbiha (milices pro-régime) tuant neuf de ses éléments et blessant 20», a-t-elle indiqué sur Twitter.

Au premier jour de la fête musulmane d'Al-Adha dimanche, 19 personnes ont péri dans la répression, dont seize à Homs.

Face à l'escalade de la répression, la Ligue arabe a accusé le pouvoir à Damas d'avoir failli à ses engagements et annoncé une réunion «d'urgence» le 12 novembre au Caire.

À son tour, le représentant de la Syrie à la Ligue arabe, Youssef Ahmad, a accusé l'organisation d'avoir «outrepassé ses compétences, surtout que nous lui avons remis les informations concernant les attaques des groupes terroristes armés contre les civils et les forces de sécurité».

Le régime refuse de reconnaître l'ampleur de la contestation et attribue les violences à des «gangs terroristes armés». En outre, depuis plus d'un mois, les attaques armées de déserteurs présumés se sont multipliées contre les troupes.

L'ONU a dit en octobre craindre une «guerre civile», en chiffrant à plus de 3.000 le nombre de personnes tuées dans la répression depuis huit mois.