Une délégation ministérielle de la Ligue arabe dirigée par le Qatar est arrivée à Damas et a aussitôt rencontré le président Bachar al-Assad pour engager une médiation en Syrie où les militants qui manifestent depuis mars ont lancé un appel à la grève générale.

La visite de cette délégation, venue engager une médiation entre régime et opposition, intervient alors que 19 personnes, dont neuf militaires, ont été tuées mercredi en Syrie, où la répression a fait depuis mi-mars plus de 3000 morts, en grande majorité des civils, selon l'ONU.

La Ligue arabe avait appelé le 16 octobre à la tenue d'une «conférence de dialogue national» pour mettre fin aux violences et «éviter une intervention étrangère».

Dans des déclarations publiées par le quotidien panarabe Al-Hayat, son secrétaire général Nabil al-Arabi a exprimé «l'espoir que les dirigeants syriens accepteront cette initiative et entameront des réformes politiques véritables».

Critiquée dans un premier temps par Damas qui l'a accusée de vouloir «déstabiliser» la Syrie, la Ligue arabe avait annoncé le 20 octobre avoir finalement reçu l'accord du gouvernement syrien pour cette visite.

L'organisation Human Rights Watch (HRW) a appelé la Ligue arabe à demander au gouvernement d'autoriser l'envoi d'observateurs indépendants sur le terrain. «Une surveillance de ce type serait un pas majeur pour mettre un terme à la violence en Syrie et restaurer un climat de confiance», a indiqué HRW.

À l'occasion de la visite de la Commission arabe, des manifestations appelant à la chute du régime ont eu lieu dans plusieurs localités de la province d'Idleb (nord-ouest), à Hamourié (près de Damas), à Hama (centre), dans le quartier de Kafar Soussé à Damas et à Deraa (sud), selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH) et les Comités locaux de coordination (LCC) qui animent les protestations sur le terrain.

Parallèlement, des dizaines de milliers de Syriens, agitant des drapeaux et des portraits du président Assad, se sont rassemblés sur la place des Omeyyades, en plein coeur de Damas, pour affirmer leur soutien au régime. «Le peuple veut Bachar al-Assad», scandaient-ils.

Selon l'agence officielle Sana, le rassemblement a réuni «plus d'un million de Syriens» sous le slogan: «Vive la patrie et le chef de la patrie, le peuple syrien est une seule famille».

Dans le même temps, un mouvement de grève était suivi dans une partie du pays. L'opposition avait appelé sur les réseaux sociaux à une grève générale mercredi, affirmant qu'elle n'accepterait «rien de moins que la démission» du président Assad «et sa traduction en justice».

Le Conseil national syrien (CNS), qui réunit la quasi-totalité des courants de l'opposition, avait invité «toutes les catégories du peuple» à se joindre à ce mouvement «en prélude à des grèves plus générales et à la désobéissance civile qui sera à même de renverser le régime».

«La grève a été entièrement suivie dans plusieurs régions, dont Deraa, dans les quartiers Qaboune et Barzé à Damas, dans plusieurs localités des provinces de Damas, d'Idleb, de Hama et de Homs», ont affirmé les LCC dans un communiqué accompagné de vidéos montrant des rues désertes et des magasins fermés.

La journée de mercredi a également été marquée par de nouvelles violences qui ont fait dix-neuf morts.

«Neuf militaires, dont un officier de l'armée régulière syrienne, ont été tués par une roquette tirée par des hommes armés, probablement des déserteurs», a indiqué l'OSDH, en précisant que les soldats se trouvaient «à bord d'un véhicule dans le village al-Hamrat», dans la région de Hama, au moment de l'attaque.

Six soldats ont été blessés en outre lors «d'affrontements violents» entre l'armée régulière et probablement des déserteurs, près de Maaret al-Noman, dans le gouvernorat d'Idleb, selon l'OSDH.

D'autre part, dix civils, dont un bébé et un enfant de 12 ans, ont été tués par des tirs des forces de sécurité: sept dans la région de Homs, un des fiefs de la contestation, un à Saraqeb dans la région d'Idleb, un à Abou Kamal (est) et un à Douma près de Damas.