La répression de la contestation a fait neuf morts dimanche en Syrie, les forces de sécurité et l'armée poursuivant leurs opérations à travers le pays alors que les chefs des diplomaties arabes tenaient au Caire une réunion extraordinaire sur la situation dans le pays.

À Homs (centre), quatre civils ont été tués dimanche soir par des tirs devant le domicile d'un meneur de la contestation, Mansour al-Atassi, en détention, a indiqué l'OSDH. Deux autres ont été tués près d'une mosquée, dans le quartier Khaldiyé, par des tirs provenant d'une voiture, selon la même source qui fait état d'au moins 39 blessés dans les deux incidents.

Dans la région de Damas, une personne a été tuée dans la ville de Zabadani par des tirs des forces de sécurité qui ont ouvert le feu sur les manifestants qui défilaient à la sortie d'une mosquée pour réclamer la libération de détenus, selon l'Observatoire.

Dans la province d'Idleb (nord-ouest), deux personnes ont été tuées à Khan Cheikhoune lorsque des forces de sécurité ont tiré sur une manifestation dimanche soir, a rapporté l'OSDH citant un militant sur place.

Plus tôt, les forces de sécurité avaient tiré à balles réelles sur le cortège funèbre à Deir Ezzor (est) de Ziad al-Obeidi (42 ans), un militant en vue de l'OSDH tué samedi, selon cette ONG.

Ces funérailles avaient rassemblé quelque 7000 personnes et se sont transformées en manifestations appelant à la chute du régime» du président Bachar al-Assad, a dit l'OSDH, sans faire état de victime.

Parallèlement, les forces de sécurité procédaient à des perquisitions et des arrestations, notamment dans la province de Homs et dans la région de Damas.

Dans la région de Damas, «les forces armées et de la sécurité ont lancé un assaut contre la ville de Zabadani dimanche matin, érigeant des barrages et menant des perquisitions dans les maisons pour retrouver des personnes recherchées par les autorités syriennes», a indiqué l'OSDH faisant état de «l'arrestation de 25 personnes dont trois jeunes femmes».

Toujours selon l'Observatoire, «19 personnes ont été arrêtées dans la ville de Dhamir» également dans la région de Damas.

Les Comités locaux de coordination (LCC), qui chapeautent la contestation sur le terrain, ont fait état à Zabadani de «maisons prises d'assaut, de destructions dans les maisons et d'arrestations arbitraires ainsi que de coups de feu nourris» de la part des forces de sécurité.

Dans la région de Homs, «les forces de sécurité et les milices pro-régime mènent avec l'armée des perquisitions et des arrestations dans les villages de Tir Maalla et Ghantou en ouvrant le feu aveuglément», selon les LCC qui font état en outre de perquisitions et d'arrestations dans la localité de Dar al-Kabira (nord-ouest).

Selon l'OSDH, 923 personnes ont été arrêtées à Homs depuis le 9 octobre.

De son côté, l'agence officielle Sana a indiqué que «deux voitures remplies d'armes et de munitions ont été saisies aujourd'hui (dimanche) sur la route Homs-Tartous (ouest) par les autorités qui ont arrêté à bord quatre personnes recherchées, membres de bandes terroristes armées».

«Les autorités ont arrêté à Homs 34 personnes recherchées et saisi des armes», a ajouté Sana.

À Hama (centre), deux membres des forces de sécurité ont été tués et deux blessés «dans une embuscade tendue par des membres d'une bande terroriste armée», selon Sana qui reprend les termes utilisés par les autorités qui attribuent les troubles à «des bandes terroristes armées».

Par ailleurs, les autorités ont accepté de libérer sous caution l'opposant Mazen Adi, détenu depuis le 11 mai, a annoncé son avocat Michel Chammas à l'AFP. «Il sera ensuite jugé pour atteinte à l'image de l'État», a-t-il dit.

La répression a fait depuis le début de la contestation le 15 mars plus de 3000 morts parmi les civils selon l'ONU.

Sur le plan diplomatique, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, a déclaré à l'ouverture d'une réunion extraordinaire au Caire qu'«on ne peut se taire sur les violences» en Syrie.

Le délégué de la Syrie, Youssef Ahmad, a affirmé pour sa part que la situation sécuritaire en Syrie se dirigeait vers «le calme et la stabilité» et dénoncé «un complot» accusant des «groupes terroristes armés» d'être derrière les violences.

«Le moment choisi pour cette réunion est étrange et suspect», a-t-il ajouté, estimant qu'il était lié aux tentatives américaines et européennes de faire adopter une résolution sur la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU, divisé sur la question.

Cette réunion «n'a été demandée aux termes d'aucun agenda, mais pour veiller sur la Syrie et sur le peuple syrien. Vos frères veulent vous aider», a répondu le Premier ministre qatari, cheikh Hamad ben Jassem.