L'Union européenne (UE) a salué lundi la création du Conseil national syrien (CNS) regroupant la majorité des courants de l'opposition au président syrien Bachar al-Assad, dont le régime cherche depuis sept mois à écraser dans le sang le mouvement de contestation.

Dimanche, les violences à travers le pays ont encore fait 31 morts, a annoncé lundi l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

L'UE, qui s'apprête à renforcer les sanctions contre le régime, «salue les efforts de la population syrienne pour établir une plateforme (de l'opposition) unie et appelle la communauté internationale à faire de même. La création du CNS constitue un pas positif», affirme un projet de document qui doit être approuvé par les ministres européens des Affaires étrangères.

Les Européens se félicitent notamment de l'engagement du CNS à défendre la non-violence et les «valeurs démocratiques», et réaffirment la nécessité pour le président Assad de quitter le pouvoir «pour permettre la transition».

Pour leur part, des membres du CNS s'activent pour s'assurer du soutien des pays arabes et développer ses contacts sur le plan international.

Environ 90 représentants de plusieurs groupes d'opposition, dont des membres du CNS, se sont réunis près de Stockholm samedi et dimanche sous les auspices du Centre international Olof Palme. Une délégation du CNS est attendue en outre à Moscou en octobre.

Lancé officiellement le 2 octobre à Istanbul, le CNS réunit pour la première fois la majeure partie des courants politiques, comptant notamment dans ses rangs les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations sur le terrain, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que des partis kurdes et assyriens.

Le représentant du Kremlin pour les crises dans le monde arabe, Mikhaïl Marguelov, a reçu de son côté lundi une délégation présentée comme étant une branche «modérée» de l'opposition.

La délégation, que d'autres opposants syriens accusent d'être des proches du régime d'Assad, est conduite par un chef du parti communiste syrien, Qadri Jamil.

«Nous sommes prêts à organiser une table ronde pour que les représentants de l'opposition et du pouvoir puissent se mettre d'accord, à Moscou ou ailleurs», a déclaré M. Marguelov, dont le pays est un allié de longue date de Damas.

La Russie s'est par ailleurs dite prête à proposer au Conseil de sécurité de l'ONU, avec la Chine, un projet de résolution plus «équilibré» que celui sur lequel Moscou et Pékin ont mis leur veto la semaine dernière.

«Nous proposons d'adopter une résolution équilibrée qui condamnera les violences des deux côtés», celles du régime et celles de l'opposition, a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, dans une interview à l'hebdomadaire Profil.

«Dans le même temps, il faut que nous demandions à Assad de poursuivre les réformes qu'il a déjà engagées», a-t-il ajouté.

Sur le terrain, les violences ont encore fait 31 morts dimanche, quatorze civils et 17 soldats et membres des forces de sécurité, selon l'OSDH.

«Un climat de guerre s'est établi dimanche à Homs (centre) où des explosions étaient entendues de toute part au milieu des tirs de mitrailleuses lourdes. Beaucoup de maisons ont été détruites. Neuf personnes ont été tuées et des dizaines blessées», ont affirmé les LCC, en précisant que «les agents de la Sécurité et les milices pro-régime ont empêché les ambulances d'évacuer les blessés».

Les LCC ont accusé le régime d'avoir «attaqué la région de Homs dans une nouvelle tentative désespérée de plier ses habitants libres et d'éteindre la révolution».

Plus de 2900 personnes ont été tuées en Syrie depuis la mi-mars, selon l'ONU.

«Le régime a choisi une voie coûteuse. Son message, je te gouverne ou je te tue, aura des conséquences dangereuses», a affirmé à l'AFP un avocat syrien des droits de l'Homme, sous couvert de l'anonymat.

«Le peuple a fait sa révolution. Il lui faut appliquer maintenant le volet politique, qui est la chute du régime. Celle-ci est certaine», a-t-il ajouté.

En Turquie où il s'est réfugié, un colonel déserteur de l'armée syrienne, Riad al Asaad, a demandé une «aide militaire» pour renverser le régime:  «si la communauté internationale nous aide, alors nous pourrons y arriver, mais il est certain que la lutte sera plus difficile sans armes», a-t-il dit au journal anglophone Hurriyet Daily News.