L'opposition syrienne a annoncé dimanche avoir formé un Conseil national réunissant tous les courants politiques opposés au régime de Bachar al-Assad, selon un communiqué lu à Istanbul par des membres de ce Conseil.

«Le Conseil national syrien (CNS) est le cadre qui réunit les forces de l'opposition et de la révolution pacifique. Il est le représentant de la révolution syrienne à l'intérieur et à l'extérieur», a notamment déclaré Burhan Ghalioune, un universitaire basé à Paris, qui a lu le manifeste fondateur du Conseil devant des journalistes et qualifié cette annonce d'«historique».

«Il oeuvre pour mobiliser toutes les catégories du peuple syrien et apporter le soutien nécessaire à la progression de la révolution et la réalisation des espoirs et attentes de notre peuple pour le renversement du régime et de ses symboles», a ajouté M. Ghalioune.

«Le Conseil national syrien est ouvert à la participation de tous les Syriens. C'est un Conseil indépendant qui incarne la souveraineté du peuple syrien dans sa lutte pour la liberté», a-t-il souligné.

«Le Conseil rejette toute ingérence extérieure qui porte atteinte à la souveraineté du peuple syrien», a-t-il encore dit.

Ce Conseil réunit toutes les tendances politiques, regroupant notamment les Comités locaux de coordination (LCC) qui chapeautent les manifestations sur le terrain, les libéraux, la confrérie des Frères musulmans interdite de longue date en Syrie, ainsi que les Kurdes et les Assyriens.

Dans sa déclaration, M. Ghalioune a assuré qu'avec le lancement du CNS, l'opposition syrienne s'est dotée d'«une direction unifiée pour faire face aux massacres quotidiens des civils menés par le régime, notamment à Rastane», dans la région de Homs (centre).

La présidence du CNS a été confiée à M. Ghalioune et compte parmi sa direction Bassma Kodmani comme porte-parole, Mohammed Riyad al-Chaqfa, guide des Frères musulmans, une formation islamiste puissante implantée de longue date en Syrie, et des représentants de la Déclaration de Damas.

Depuis samedi, la coalition la plus large et la plus représentative de l'opposition menait des tractations à huis clos à Istanbul pour tenter d'obtenir le ralliement d'opposants, notamment M. Ghalioune, alors que les violences s'amplifiaient à travers le pays.

Le CNS réunira son assemblée générale, forte de 190 membres, début novembre, «probablement pas en Turquie», a indiqué à l'AFP Mme Kodmani.

L'organisation est désormais dotée d'un secrétariat général de 29 personnes, représentant sept factions de l'opposition: six représentants des LCC, cinq pour les Frères musulmans et les tribus, quatre pour la Déclaration de Damas, quatre pour le courant «libéral» mené par M. Ghalioune, quatre Kurdes, un chrétien et cinq indépendants, a précisé Hassan Hachimi, membre du Conseil.

Les sept tendances seront également représentées dans un comité exécutif de sept personnes, assurant la présidence du CNS, a-t-il ajouté.

«On a dans le CNS tous les poids lourds et toutes les forces qui font le lien entre les composantes de la société syrienne», a commenté Mme Kodmani. «Désormais, la confiance est établie, ainsi que la conviction qu'il nous faut travailler ensemble».

Selon des sources diplomatiques à Damas, la montée en puissance du CNS, découlerait d'un accord entre Américains, Turcs et Frères musulmans, permettant de fédérer les trois principales tendances de l'opposition: «nationalistes», «libéraux» et «islamistes».