L'ambassadeur des États-Unis à Damas, Robert Ford, a été pris à partie jeudi par des manifestants pro-régime qui lui ont notamment lancé des tomates à son arrivée au bureau d'un opposant, selon ce dernier.

L'opposant, Hassan Abdelazim, a affirmé à l'AFP que «près de cent manifestants» ont tenté de prendre d'assaut son bureau à Damas au moment où M. Ford y arrivait.

«Ils ont manifesté dans la rue et à l'entrée de l'immeuble. Ils ont tenté de casser la porte de mon bureau mais ils n'ont pas réussi», a-t-il ajouté.

«Dès que l'ambassadeur est entré dans le bureau vers 11 heures (4h, heure de Montréal), nous avons entendu un bruit dehors et des slogans hostiles scandés. Les manifestants ont essayé de prendre le bureau d'assaut», a encore dit M. Abdelazim.

M. Ford a pu quitter le bureau au bout de deux heures et regagner l'ambassade, selon la même source.

Les ambassadeurs de France et des États-Unis avaient irrité Damas en effectuant deux visites séparées le 8 juillet à Hama (centre) et qui avait été début juillet le théâtre de deux manifestations monstres contre le président Assad.

Lors de sa visite dans cette cité assiégée par l'armée, M. Ford avait rencontré de nombreux manifestants. «L'ambassadeur Ford voulait voir de ses propres yeux ce qui se passe sur le terrain», avait alors affirmé l'ambassade.

Après s'être vu refuser plusieurs fois la permission de se déplacer à nouveau dans le pays, il a pris l'initiative, le 23 août, de se rendre, sans en informer à l'avance les autorités, dans la ville de Jassem (Sud) où 15 manifestants avaient été tués quatre jours auparavant. Jassem se situe dans la province de Deraa, berceau de la contestation.

Le 6 septembre, l'ambassadeur américain s'en est pris vivement au régime du président Assad dans un communiqué publié sur Facebook, dénonçant notamment ses justifications de la répression violente contre les manifestants.

«Le nombre de membres des forces de l'ordre tués est beaucoup, beaucoup plus faible que celui des civils non armés tués», écrivait Robert Ford sur la page Facebook de l'ambassade.

«Personne, dans la communauté internationale», poursuivait-il, «n'accepte l'argument du gouvernement syrien selon lequel les décès de membres des forces de l'ordre justifient les assassinats quotidiens, les coups, les détentions sans procès, la torture et le harcèlement de manifestants non armés».

La Syrie est secouée depuis le 15 mars par un mouvement de contestation sans précédent contre le régime du président Assad, violemment réprimé par les autorités. Plus de 2600 personnes ont été tuées dans les violences, selon l'ONU.

-Avec AP