Des dizaines de milliers de manifestants syriens ont réclamé pour la première fois vendredi une protection internationale face à la répression exercée par le régime de Bachar al-Assad, défendu par Moscou qui a dénoncé la présence de «terroristes» parmi les contestataires.

Afin de tenter de faire cesser les violences, le chef de la Ligue arabe Nabil al-Arabi est attendu samedi en Syrie, où il doit soumettre à M. Assad un plan pour l'«arrêt immédiat» de la répression et la tenue d'une élection présidentielle en 2014, à la fin de son mandat.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les troupes chargées de mater la contestation ont tiré sur les manifestants, tuant trois civils, dont un adolescent de 15 ans à Deir Ezzor (nord-est), à Homs (centre) et à Idleb (nord-ouest). Un quatrième, recherché, a été tué à Hama (centre).

Si la répression ne faiblit pas, les militants pro-démocratie ne lâchent pas non plus prise. «Les Syriens demandent à l'ONU d'adopter une résolution pour une mission d'observateurs permanents en Syrie», ont-ils écrit sur leur page Facebook «The Syrian revolution 2011».

«Nous réclamons l'entrée d'observateurs internationaux, des médias internationaux», qui ne sont pas autorisés à couvrir librement les événements dans le pays, et «la protection de civils», ont-ils ajouté.

Selon l'OSDH, des dizaines de milliers de personnes ont manifesté à travers le pays, notamment plus de 20.000 personnes à Homs et plusieurs dizaines de milliers à Idleb.

«Vive la Syrie libre!» et «L'armée syrienne est traîtresse», scandaient des manifestants à Homs, selon une vidéo postée par des militants sur YouTube.

A Hama, ville traditionnellement hostile au régime d'Assad, les manifestations criaient «nous voulons une protection internationale», brandissant des pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Bachar, game over» (Bachar, la partie est terminée) ou encore «le peuple veut exécuter le président et sa bande», selon une autre vidéo.

Les militants ont à plusieurs reprises exprimé leur refus d'une intervention militaire étrangère en Syrie pour protéger la population civile comme c'est le cas en Libye, tout en dénonçant le manque de solidarité internationale face à la répression sanglante de leur mouvement.

Selon l'ONU, les violences ont fait au moins 2.200 morts depuis le début des manifestations à la mi-mars, en majorité des civils. De son côté, le régime autoritaire syrien affirme se battre contre des «bandes terroristes armées» et refuse de reconnaître l'ampleur de la contestation.

Dans la banlieue de Damas, à Tal, les forces de sécurité ont tiré et lancé des gaz lacrymogènes pour disperser 1.000 manifestants, mais le rassemblement s'est reconstitué dans un autre quartier donnant lieu à une nouvelle répression, selon les militants pro-démocratie.

Selon une vidéo postée sur YouTube, des pancartes brandies à Barzé, dans la banlieue de la capitale, demandaient «à la Russie et à la Chine de changer leurs positions à l'égard de ce régime en voie de disparition», en référence aux deux alliés de Damas toujours réticents à l'idée d'une condamnation ou de sanctions à l'ONU.

«La Russie doit jouer un rôle plus actif et plus positif dans le règlement de la situation intérieure en Syrie», a déclaré Ammar Qourabi, directeur de l'Organisation nationale syrienne pour les droits de l'Homme, en visite à Moscou, déplorant que «la position russe évolue plus lentement qu'espéré».

Jeudi soir, le président russe Dmitri Medvedev a estimé qu'un «message sévère» devait être envoyé non seulement au pouvoir syrien, mais aussi à l'opposition, affirmant que certains opposants pouvaient être qualifiés de «terroristes».

Moscou doit accueillir lundi la conseillère de M. Assad, Boutheina Chaabane.

Un autre allié du régime syrien, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a annoncé que son pays était prêt à accueillir une réunion de pays islamiques qui pourraient aider la Syrie à résoudre ses «problèmes».

En revanche, le premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan qui fut longtemps un très proche de Damas, a vivement critiqué le régime: «Celui qui fonde son pouvoir sur (l'effusion du) sang finira par partir dans le sang».

Enfin, le frère d'un important officier insoumis de l'armée est mort durant sa détention quelques heures après son arrestation jeudi dans le nord-ouest du pays, selon l'OSDH. Mohammad Harmouche, 74 ans, était le frère de Hussein Harmouche, premier officier à avoir publiquement annoncé sa désertion début juin pour protester contre la répression.