Le régime syrien a autorisé pour la première fois la Croix-Rouge internationale (CICR) à accéder à la prison centrale de Damas, tout en menant lundi de nouvelles opérations meurtrières dans le pays, notamment à Homs (centre).

Face à une répression qui a coûté la vie jusqu'à présent à plus de 2.200 personnes, la Ligue arabe va enfin pouvoir proposer à Damas un plan pour régler la crise par le biais de son secrétaire général, Nabil El-Arabi, qui doit se rendre mercredi à Damas.

En Russie, allié de Damas depuis la période soviétique et opposée à toute ingérence en Syrie, le représentant spécial du président pour l'Afrique et les crises dans le monde arabe, Mikhaïl Marguelov, a indiqué qu'il recevrait une délégation de l'opposition syrienne jeudi et vendredi.

Les visites des délégués du CICR à la prison centrale de Damas, dans la banlieue de Adra, ont commencé le 4 septembre, selon un communiqué de l'organisation, précisant que son président Jakob Kellenberger avait rencontré le président syrien Bachar al-Assad dans la matinée.

Les délégués du CICR pourront d'abord visiter des prisonniers détenus sur ordre du ministère de l'Intérieur, et «nous espérons bientôt pouvoir rendre visite à tous les détenus», a indiqué M. Kellenberger cité dans le communiqué.

«C'est un pas important pour nos activités humanitaires en Syrie», a-t-il dit.

Sur le terrain, les forces de sécurité ne cessent en effet de traquer, d'arrêter ou de tuer au quotidien, dans les grandes villes comme dans les villages reculés.

Treize civils ont été tués lundi par des tirs de l'armée et des forces de sécurité --dont 12 à Homs et ses environs-- tandis que Hama (centre), ville traditionnellement hostile au clan Assad, était visée par une offensive militaire d'envergure.

Parmi les morts figurent «un homme et son fils tués par des tirs dans le quartier de Boustan al-Diwane à Homs alors qu'ils circulaient en mobylette», selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, qui fait état également de l'arrestation de plus de 80 arrestations à Khalidiya, un quartier de la ville.

Et quatre civils ont été également tués par des tirs qui ont visé un bus transportant des employés de la Compagnie syrienne pour le transport de pétrole, branche de Homs.

Par ailleurs, «une personne a été tuée dans la région d'Idleb (nord-ouest) par des tirs de tireurs d'élite alors qu'elle tentait de traverser la frontière turque», selon Omar Idlebi, porte-parole des Comités locaux de coordination (LCC), un des mouvements animant la contestation.

En outre, des arrestations ont eu lieu à As-Sabil, dans les environs de Maarat el-Noomane (région d'Idleb), selon les LCC, précisant que le village était encerclé par des blindés.

Près du village de Rami à Jabal al-Zawiya, «une fosse commune contenant sept cadavres en décomposition a été découverte», d'après les LCC. «Les habitants ont tenté de les retirer, mais l'armée les a poursuivis et s'est déployée massivement dans la zone».

À Hama, «plus de 30 véhicules militaires et de la Sécurité ont fait une incursion ce matin, et des tirs nourris ont été entendus dans la ville», selon M. Idlebi.

Les troupes syriennes ont déjà mené des opérations à Hama entre le 31 juillet et le 10 août, faisant plus d'une centaine de morts selon les militants, après des manifestations antirégime ayant rassemblé des centaines de milliers de personnes chaque vendredi de juillet dans cette ville.

Dans une vidéo diffusée sur internet le 1er septembre, le procureur général de Hama a annoncé sa démission pour dénoncer la répression, mais les autorités ont démenti, assurant que le magistrat avait été enlevé et que ses déclarations étaient de «purs mensonges» arrachés sous la contrainte.

Près de la frontière avec la Turquie, plusieurs Syriens ont été blessés lundi alors que l'armée syrienne a investi les villages de Ain al-Beida et Khirbet al-Joz, provoquant la fuite vers la Turquie de plusieurs centaines de personnes, selon des sources concordantes.

Plusieurs milliers de Syriens ont trouvé refuge en Turquie depuis le début des manifestations antigouvernementales, le 15 mars, dont la répression a fait selon l'ONU au moins 2200 personnes, en majorité des civils.