Les forces de sécurité syriennes ont tué mardi au moins sept personnes lors de la dispersion de manifestations contre le régime du président Bachar al-Assad à la sortie des mosquées au premier jour des fêtes de l'Aïd el-Fitr.

«Sept personnes ont été tuées au premier jour de l'Aïd el-Fitr en Syrie, dont quatre à Al-Harra, deux à Inkhil, dans la province de Deraa (sud), et un à Homs (centre)», a indiqué dans un communiqué le Comité de coordination qui anime la contestation en Syrie.

L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) a fait état de «trois morts et neuf blessés lors de tirs des forces de sécurité pour disperser une énorme manifestation à Al-Harra après les prières de l'Aïd el-Fitr» qui marque la fin du mois de jeûne du ramadan.

Lundi, 17 personnes ont été tuées et des douzaines blessées dans des interventions des forces de sécurité dans plusieurs villes du pays, selon l'OSDH.

La chef de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton, a condamné mardi la répression «brutale» des manifestations et exprimé sa «profonde préoccupation».

Le régime du président Assad est contesté par des manifestations quasi quotidiennes depuis la mi-mars. Au moins 2200 personnes en majorité des civils ont été tuées depuis, selon l'ONU.

Selon le Comité, les manifestants se sont rassemblés mardi après la prière matinale à Nawa et Daël, des villes du gouvernorat de Deraa.

Une «énorme» manifestation s'est formée lorsque les fidèles sont sortis de la mosquée d'Al-Omari à Deraa pour se diriger vers le cimetière où traditionnellement les musulmans rendent hommage à leurs morts à l'occasion de l'Aïd.

Dans le village de Daël «des enfants, portant des linceuls à la place des traditionnels vêtements de fête de l'Aïd, étaient en tête d'une manifestation de quelque 10 000 personnes se dirigeant vers la mosquée locale», a indiqué le Comité dans son communiqué.

Il a également rapporté des déploiements massifs de forces de sécurité à Homs avec des coups de feu entendus aux alentours de la citadelle de la ville. Les télécommunications sont également coupées dans la ville selon le Comité.

Les militants avaient appelé sur la page Facebook «The Syrian Revolution 2011» à des manifestations mardi après les prières de l'Aïd el-Fitr.

«Manifestations massives pour l'Aïd, directement après les prières de l'Aïd. Appel à des rassemblements dans toutes les villes jusqu'à la chute du tueur», proclame la page.

Les interventions de l'armée et des forces de sécurité contredisent les propos tenus par Bachar al-Assad le 17 août quand il avait affirmé au secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon que les opérations militaires «avaient cessé».

La poursuite de la répression a suscité de sévères condamnations de la part de l'UE et des États-Unis.

Les pays de l'Union européenne (UE) ont décidé lundi le principe d'un embargo sur l'importation de pétrole syrien. Une décision formelle est attendue d'ici la fin de la semaine.

Pour Washington, le président Assad et son régime sont «de plus en plus isolés» après des prises de position défavorables pour la Syrie de la part de la Turquie et de la Ligue arabe.

«Assad est de plus en plus isolé, la communauté internationale exige de plus en plus d'une seule voix la fin immédiate de la violence», a assuré Victoria Nuland, porte-parole du département d'État.

Le président turc Abdullah Gül a affirmé dimanche que son pays ne faisait plus confiance au régime de Damas. Samedi, les ministres arabes des Affaires étrangères ont appelé à «mettre fin aux effusions de sang et à suivre la voie de la raison, avant qu'il ne soit trop tard».

Mme Nuland a également évoqué «la préoccupation exprimée par le président russe (Dmitri) Medvedev».

Un émissaire russe a pourtant assuré lundi à Damas que la position russe était inchangée: Moscou se contente d'appeler le régime Assad à des réformes.

La Russie s'oppose aussi à l'ONU à un projet de résolution européenne, soutenue par les États unis, et organisant un gel des avoirs financiers du président Assad et de son entourage, ainsi qu'un embargo sur les armes.

Moscou est allé jusqu'à promouvoir une résolution concurrente ne prévoyant pas de sanctions.

Selon le Comité, des manifestations ont également eu lieu mardi à Damas et dans sa banlieue -à Qaboun et Qaddissiya-, à Alep (nord), Deir Ezzor (est), Lattaquié (nord-ouest). Des forces ont été déployées à Barza, un autre quartier de la capitale.

«Des milliers de personnes ont défilé à Palmyre, en direction du cimetière après la prière de l'Aïd» tôt mardi, scandant des slogans antirégime, a ajouté l'organisation.

Dans le village de Baïda (nord-ouest), plus de 30 personnes ont été arrêtées, selon l'OSDH. L'ONG précise qu'«une immense manifestation a eu lieu à Baïda et les forces de sécurité ont ouvert le feu» sur les manifestants».