L'armée syrienne s'est retirée mercredi de Hama après dix jours d'une vaste opération ayant fait plus de cent morts après des manifestations monstres en juillet contre le régime du président Bachar al-Assad qui ne fléchit pas malgré les pressions internationales.

Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères Walid Mouallem a reçu une mission de l'Inde, du Brésil et de l'Afrique du sud, a rapporté l'agence officielle Sana. La délégation est venue déployer de nouveaux efforts afin d'obtenir du régime syrien qu'il mette fin à la répression sanglante et dialogue avec les opposants.

La mission devait souligner auprès du gouvernement syrien la «nécessité de dialogue avec la population, la nécessité de mettre fin à la violence et de respecter les droits de l'Homme», avait indiqué mardi un porte-parole brésilien.

Une quarantaine de transports de troupes chargés de soldats quittaient en fin de matinée Hama (centre), où l'armée s'était déployée en force fin juillet après des manifestations monstres, a constaté une journaliste de l'AFP lors d'une visite organisée par les autorités pour une soixantaine de journalistes.

La place Assi, où se situe le siège du gouvernorat dans le centre de la ville et où avaient eu lieu des manifestations ayant réuni jusqu'à 500 000 personnes les vendredis de juillet, était vide hormis quelques voitures et rares passants.

Les commerces sont fermés, mais le gouverneur de Hama, Anas Naem, a assuré que les produits de première nécessité commençaient à entrer dans la ville, notamment le pain et les légumes.

Ailleurs, les autorités nettoyaient les rues, levaient des barricades et ramassaient des pierres qui jonchaient le sol alors que de nombreux graffitis avaient été effacés sur les murs de la ville.

Bilan à Hama: une centaine de morts en 10 jours

L'armée était entrée en force à Hama le 31 juillet et une centaine de personnes avaient été tuées lors d'une vaste offensive pour «l'une des journées les plus sanglantes» depuis le début de la révolte mi-mars contre le régime du président Bachar al-Assad, selon des militants.

Les journalistes ont également été conduits devant un commissariat de police qui selon l'officier de police Oussama Khalouf a été «incendié et saccagé par les saboteurs». Le 31 juillet tous «les commissariats de police ont été attaqués simultanément par les saboteurs» et «17 policiers ont trouvé la mort», a-t-il dit.

Des habitants interrogés par les journalistes ont également mis en cause des «saboteurs» saluant l'intervention de l'armée.

«L'armée est venue pour nous protéger», a indiqué Fawaz, un habitant du quartier d'Al-Sawaeq. «Nous sommes tous unis, nous, l'armée, et Bachar», a-t-il ajouté. «Des saboteurs sont entrés dans mon quartier ont ouvert le feu et ont saccagé des maisons», a-t-il ajouté.

S'adressant aux journalistes, un autre officier a accusé «les bandes armées d'avoir essayer de semer la discorde au sein de la population».

Opérations au nord-ouest: une femme meurt

Alors qu'elle se retirait de Hama, l'armée poursuivait mercredi ses opérations dans d'autres villes notamment dans la province d'Idleb (nord-ouest), à Deir Ezzor (est) et dans des localités proches de Damas.

Dans la province d'Idleb, «une femme est morte et trois autres personnes ont été blessées dans la ville de Sirmine où les forces syriennes ont lancé mercredi matin une opération militaire et sécuritaire d'envergure», a déclaré le directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme, Rami Abdel Rahmane, selon qui les «forces armées ont fait usage de mitrailleuses lourdes».

34 morts mardi

Joint au téléphone par l'AFP M. Abdel Rahmane, basé au Royaume-Uni, a d'autre part fait état de tirs nourris à la mitrailleuse lourde et d'explosions à Deir Ezzor, qui a connu ces dernières semaines des manifestations massives. Selon lui, la «population craint un nouvel assaut» de l'armée et de la Sécurité dans Deir Ezzor où la répression a fait 17 morts mardi.

M. Abdel Rahmane a également fait état d'un «important assaut lancé mardi par l'armée dans les localités de Zamalka, Aarbine, et Hammoura, près de Damas, où elle procédait à une importante campagne d'arrestations». «Les coups de feu étaient entendus jusque dans les villes voisines», a-t-il ajouté.

Mardi, la répression a fait au moins 34 morts à travers le pays.

Depuis le début de la contestation à la mi-mars, plus de 2000 personnes sont mortes en Syrie, en grande partie des civils tués par les forces de sécurité, et plus de 12 000 ont été arrêtées, selon les organisations de droits de l'Homme.

Malgré les pressions, le président Assad a affirmé mardi vouloir venir à bout des «groupes terroristes», accusés par son régime de semer le chaos dans le pays. «Nous n'allons pas fléchir dans la poursuite des groupes terroristes», a-t-il dit, après une rencontre avec le chef de la diplomatie turque dépêché à Damas pour l'exhorter à cesser sa répression.

Dans le même temps, les États-Unis mènent des discussions avec leurs partenaires pour «renforcer» les sanctions contre la Syrie, a indiqué la porte-parole du Département d'État Victoria Nuland, jugeant «ignoble» la répression orchestrée par le président syrien.

«Il ne peut y avoir aucun type de partenariat avec un régime qui fait ce genre de choses à des innocents», a-t-elle ajouté.