Les forces syriennes ont tué au moins six personnes ayant participé à des manifestations anti-gouvernementales mercredi soir après les prières qui marquaient la rupture du jeûne du ramadan, mois sacré pour les musulmans, selon des militants des droits de l'Homme. Parallèlement, à New York, le Conseil de sécurité a adopté une déclaration condamnant la répression exercée par les autorités syriennes contre les civils.

Les lignes téléphoniques restaient coupées jeudi dans la ville assiégée de Hama, dans le centre-ouest du pays, théâtre d'une opération militaire meurtrière depuis dimanche.

D'après des militants, les autorités exercent un black-out sur les communications à Hama, empêchant un fonctionnement normal des téléphones, fixes et portables, et d'Internet, alors que l'offensive militaire aurait fait au moins cent morts depuis quatre jours.

Abdel-Karim Rihaoui, chef de la Ligue syrienne des droits de l'Homme, basée à Damas, a affirmé que toutes les communications étaient coupées avec Hama jeudi. «Un grand nombre de victimes est à craindre avec une opération militaire aussi massive», a-t-il observé.

Il a également dit que deux manifestants avaient été tués mercredi soir dans le quartier du Midan à Damas, trois à Naoua (sud) et un dans la ville antique de Palmyre.

Les Comités locaux de coordination, un groupe qui organise et rend compte des manifestations en Syrie, ont confirmé ces décès.

Après des mois d'impasse, le Conseil de sécurité de l'ONU a finalement réagi mercredi à l'escalade de la violence en Syrie, notamment à Hama, condamnant les attaques des forces du président Bachar el-Assad contre les civils et les violations des droits de l'Homme qu'elles ont commises.

La déclaration présidentielle adoptée par le Conseil de sécurité, plus faible qu'une résolution, appelle notamment les autorités syriennes à mettre fin immédiatement aux violences et à lancer un processus politique qui permettrait aux Syriens d'exercer pleinement leurs «libertés fondamentales».

Le chef de la diplomatie britannique William Hague a affirmé que cette déclaration «montre l'inquiétude internationale croissante face au comportement inacceptable du régime et montre que le président Assad est de plus en plus isolé».

Le ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé a salué pour sa part mercredi soir «l'adoption à l'unanimité» de cette déclaration. «Le Conseil adresse un message sans ambiguïté à Damas. Il condamne fermement le régime syrien pour les violations des droits de l'homme et l'usage de la force contre les civils. Il souligne que les auteurs des violences devront être tenus pour responsables», commente-t-il.

«Ce texte est le fruit des efforts que nous avons conduits depuis le début des événements en Syrie avec nos partenaires. C'est un tournant dans l'attitude de la communauté internationale», poursuit-il. «Désormais, il revient aux autorités syriennes de cesser d'utiliser la force contre les manifestations pacifiques et de mettre en oeuvre les réformes indispensables pour répondre aux aspirations légitimes du peuple