Deux officiers ont été tués lundi en désamorçant des bombes que des djihadistes avaient annoncé avoir posé près du palais présidentiel du Caire, un an jour pour jour après les manifestations monstres contre le président Mohamed Morsi destitué ensuite par l'armée.

Le tombeur de Morsi, l'ex-chef de l'armée récemment élu chef de l'État Abdel Fattah al-Sissi, a promis de «punir» les auteurs des attaques alors que depuis une semaine, les attentats se sont multipliés au Caire avec des explosions contre le métro à l'heure de pointe et contre une centrale de télécommunications en construction, qui ont fait deux morts et cinq blessés.

Lundi, deux officiers ont trouvé la mort en tentant de désamorcer des bombes devant le palais présidentiel. Plusieurs personnes ont également été blessées alors que la police ratissait les alentours du palais pour continuer à désactiver les engins explosifs mis au jour les uns après les autres. Un photographe de l'AFP a vu l'un des engins exploser et arracher la main d'un secouriste.

Près d'une heure plus tard, un robot est parvenu à extraire une autre bombe qui a ensuite été désactivée par la police.

Il y a un an, l'Égypte est entrée dans un engrenage de violences, le nouveau pouvoir - avec à sa tête M. Sissi élu en mai président avec près de 97 % des voix - réprimant toute opposition.

Et des violences sont à craindre jeudi, les partisans de M. Morsi, violemment réprimés, ayant appelé à une «journée de la colère» pour marquer le 1er anniversaire de la destitution du premier chef d'État élu démocratiquement d'Égypte et dénoncer de nouveau le «coup d'État militaire» du 3 juillet 2013.

En représailles à la répression qui a fait en un an plus de 1400 morts, la moitié dans la dispersion de sit-in pro-Morsi au Caire en août, et abouti à l'arrestation de 16 000 personnes, des groupes jihadistes ont mené des attentats, la plupart dans la péninsule du Sinaï, qui ont tué plus de 500 policiers et soldats selon le gouvernement.

Le groupe Ajnad Masr responsable 

L'un de ces groupes, Ajnad Masr, qui a revendiqué ces derniers mois plusieurs attentats au Caire, avait prévenu avoir placé des bombes près du palais présidentiel, dans le nord-est du Caire.

Dans un communiqué daté du 27 juin, le mouvement a assuré que les engins avaient été posés il y a près de deux semaines, mais qu'il avait refusé de les faire exploser jusqu'alors pour éviter de tuer des civils.

Ajnad Masr a réaffirmé dans un communiqué lundi soir avoir posé ces bombes: «Nous avons pris pour cible la forteresse du meurtrier (au palais de) l'Ettihadiya pour montrer qu'il est encore plus facile de cibler d'autres lieux comme les postes de police, et le régime va bientôt s'effondrer».

Le nombre d'attentats avait diminué un temps, la police et l'armée ayant assuré avoir démantelé plusieurs «cellules terroristes» en Égypte.

Si la plupart des attentats sont revendiqués par des mouvements jihadistes sans lien connu avec les Frères musulmans, les autorités font porter à la confrérie interdite de M. Morsi la responsabilité des violences.

La justice a confirmé plus de 200 peines de mort, dont celle du Guide suprême des Frères musulmans et condamné à 7 à 10 ans de prison trois journalistes d'Al-Jazeera accusés de soutien à la confrérie déclarée «terroriste». La quasi-totalité des hauts dirigeants des Frères musulmans encourt la peine capitale dans de multiples procès.

Parallèlement à la sanglante répression visant les pro-Morsi, les autorités ont ouvert un nouveau front en s'en prenant désormais à l'opposition laïque et progressiste, dont les principales figures sont désormais derrière les barreaux ou devant des juges.

Ces militants appartiennent aux mouvements de la jeunesse ayant déclenché la révolte de 2011 qui chassa du pouvoir le président Hosni Moubarak, jugé dans plusieurs procès et détenu dans un hôpital militaire.

Ils comptaient pourtant le 30 juin 2013 parmi les millions d'Égyptiens qui avaient manifesté pour réclamer le départ de Mohamed Morsi, accusé d'avoir voulu accaparer tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et d'islamiser à marche forcée la société.