Une bombe visant un autobus de pèlerins chrétiens sud-coréens a fait quatre morts dimanche dans le Sinaï, dans le premier attentat contre des étrangers en Égypte depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi.

Trois Sud-Coréens ainsi que le chauffeur égyptien ont été tués dans cette attaque menée au poste-frontière de Taba, une station balnéaire sur la frontière avec Israël, selon le gouverneur du Sinaï du Sud Khaled Fouda.

L'autocar transportait 31 membres d'une Eglise chrétienne de la province méridionale de Jincheon en Corée du Sud ainsi que leur guide, a précisé le ministère sud-coréen des Affaires étrangères, confirmant la mort de deux ressortissants.

Selon un porte-parole du ministère égyptien de la Santé, l'attentat a également fait 15 blessés, qui se trouvaient tous dans un état stable à l'hôpital.

L'attaque n'a pas été revendiquée dans l'immédiat.

Les attentats sont devenus fréquents en Égypte depuis que l'armée a destitué et arrêté M. Morsi le 3 juillet, mais ils ne visaient jusqu'à présent que les forces de l'ordre.

La plupart ont été revendiqués par Ansar Beit al-Maqdess, un groupe jihadiste basé dans le Sinaï, disant s'inspirer d'Al-Qaïda et assurant agir en représailles à la répression sanglante menée par le nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée contre les partisans de M. Morsi.

La bombe a explosé à l'avant du bus alors que le bus, parti du Caire, attendait au passage frontalier de Taba pour entrer en Israël, a annoncé le ministère de l'Intérieur. Après l'explosion, la frontière a été fermée.

Le haut de l'autocar jaune a été littéralement dévasté par la déflagration et l'incendie qui a suivi, et selon le ministère de la Santé, il était impossible de reconnaître les corps.

«Le terrorisme n'a pas de religion. La police et l'armée oeuvrent pour l'éliminer», a assuré le gouverneur Fouda.

Fuite des touristes 

L'attaque de dimanche risque de pousser un peu plus l'économie de l'Égypte vers le gouffre, le pays des pyramides et des célèbres spots de plongée de la mer Rouge étant déserté par les touristes depuis la révolte populaire de 2011 qui a chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir.

Aucun attentat n'avait plus visé des étrangers en Égypte depuis février 2009, quand une Française avait été tuée par l'explosion d'une grenade en bordure du souk de Khan el-Khalili, au coeur du Caire historique. Il s'agissait alors de la première attaque terroriste contre des Occidentaux en Égypte depuis 2006.

Entre 2004 et 2006, nombre d'Egyptiens et de touristes étrangers avaient péri dans des attentats dans les stations balnéaires du Sinaï. Et en 1997, des insurgés islamistes avaient tué 58 étrangers à Louxor (sud).

La sécurité s'est considérablement dégradée en Égypte depuis que le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de la toute-puissante armée, a destitué le premier président démocratiquement élu du pays. Depuis plus de sept mois, le pouvoir dirigé de facto par le nouvel homme fort de l'Égypte réprime dans un bain de sang toute manifestation des partisans de M. Morsi.

Plus de 1400 personnes, des manifestants islamistes pour la plupart, ont ainsi été tuées par la police ou l'armée, selon Amnesty international, dont la moitié au cours de la seule journée du 14 août au Caire.

Depuis le 3 juillet également, les attentats et attaques visant la police et l'armée se sont multipliés surtout au Caire. La plupart ont été revendiqués par Ansar Beït al-Maqdess, mais le gouvernement accuse les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, de les avoir commandités ou organisés.

Plusieurs milliers de membres de cette organisation désormais déclarée «terroriste» ont été arrêtés, dont la quasi-totalité de leurs dirigeants. Ils encourent, à l'instar de M. Morsi en personne, la peine de mort dans divers procès.

M. Morsi a d'ailleurs comparu dimanche à l'ouverture du troisième procès --pour «espionnage»-- sur les quatre qui lui sont intentés. A la barre, il a dénoncé une «farce» de la part du régime issu selon lui d'un «coup d'État militaire».

Promu récemment maréchal, Abdel Fattah al-Sissi ne cache plus ses intentions de se présenter à l'élection présidentielle prévue pour 2014, qu'il est assuré de remporter compte tenu de sa popularité et de l'absence d'autres candidats pouvant sérieusement le défier.