Des islamistes ont manifesté vendredi en Égypte, notamment à Alexandrie où des heurts ont eu lieu avec la police, à trois jours de l'ouverture du procès du président déchu Mohamed Morsi.

La coalition pro-Morsi, qui réclame le retour au pouvoir du premier président démocratiquement élu du pays, a appelé à manifester à travers l'Égypte à partir de vendredi. Elle a indiqué qu'une autre mobilisation était prévue lundi devant le tribunal où va débuter le procès de M. Morsi.

Dans la ville méditerranéenne d'Alexandrie, des affrontements ont eu lieu entre manifestants et policiers qui ont eu recours à des gaz lacrymogènes, a indiqué un responsable des forces de sécurité.

Quelque 70 manifestants ont été arrêtés, majoritairement à Alexandrie, a annoncé plus tard le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Ces heurts interviennent au lendemain de l'arrestation par la police de 20 militantes islamistes à Alexandrie, à la suite d'échauffourées avec des passants pendant une manifestation, a indiqué un autre responsable.

Dans la ville de Zagazig, dans le delta du Nil, cinq personnes ont été blessées vendredi dans des heurts entre des manifestants pro-Morsi et des opposants au président déchu, selon l'agence de presse officielle Mena.

Et au Caire, plusieurs centaines d'islamistes ont manifesté devant le palais présidentiel, a indiqué un correspondant de l'AFP.

«Morsi, Morsi, reviens!», a scandé la foule.

«Nous voulons la vraie démocratie qu'avait l'Égypte quand Morsi a été élu. Ce que nous voyons maintenant, ce n'est pas une vraie démocratie», a expliqué Mohammed, un médecin, montrant du doigt les chars et les forces de sécurité stationnés devant le palais.

«Nous manifesterons pacifiquement lundi aussi, mais dieu seul sait ce qui peut se passer», a-t-il ajouté, son fils de quatre ans sur les épaules.

Le ministère de l'Intérieur a annoncé que la police avait tiré des gaz lacrymogènes à Suez, alors que des heurts étaient répertoriés à Guizeh, en banlieue du Caire.

Selon le ministère, des Frères musulmans venus manifester ont «dépassé les limites de leur liberté d'expression». «Ils ont bloqué des rues et attaqué des résidents».

Le ministère avait annoncé plus tôt dans la journée que 20 000 policiers seraient déployés lundi pour protéger l'académie de police dans le sud du Caire où va se dérouler le procès de M. Morsi, et les déplacements du président destitué vers la salle d'audience improvisée.

«Le rassemblement massif de lundi (...) devrait se dérouler à l'extérieur du bâtiment (de l'académie des officiers de police) à Tora», a écrit dans un communiqué la Coalition anti-coup d'État, dominée par les Frères musulmans dont est issu M. Morsi.

M. Morsi, détenu au secret par l'armée depuis que cette dernière l'a destitué le 3 juillet, est accusé d'avoir incité au meurtre de manifestants devant le palais présidentiel en décembre 2012.

Il est jugé en même temps que 14 co-accusés.

Les islamistes ont été durement réprimés ces quatre derniers mois. Plus d'un millier de personnes, en majorité des partisans du président Morsi, ont été tuées dans des heurts, et les autorités ont arrêté quelque 2.000 islamistes, dont la plupart des dirigeants des Frères musulmans.

Ces campagnes d'arrestations ont limité la capacité des islamistes à mobiliser massivement.

La Coalition anti-coup d'État dit appuyer les manifestations pacifiques, mais elle n'a pas craint d'affronter la police à l'occasion.

Le 6 octobre, une soixantaine de personnes avaient été tuées dans des heurts qui avaient éclaté lorsque des islamistes avaient tenté de se diriger vers la place Tahrir au Caire, lieu symbolique de la révolte de 2011, au moment où l'armée et ses partisans y marquaient la guerre de 1973 contre Israël.