Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi, destitué et arrêté par l'armée le 3 juillet, ne reconnaît pas l'autorité du tribunal qui doit le juger pour «incitation au meurtre» à partir du 4 novembre, a annoncé lundi la coalition de ses partisans.

«Aucun avocat - égyptien ou étranger - ne défendra le président élu Mohamed Morsi, car le président ne reconnaît pas ce procès ni aucune action ou processus issu du coup d'État», annonce dans un communiqué l'Alliance pour la démocratie et contre le coup d'État, une coalition des partisans du seul chef de l'État élu démocratiquement en Égypte.

M. Morsi, détenu au secret par l'armée qui a nommé un gouvernement et un président intérimaire dès le 3 juillet, doit comparaître à partir du 4 novembre devant un tribunal du district du Caire au côté de 14 autres personnes pour «incitation au meurtre» de manifestants le 5 décembre 2012, quand il était au pouvoir.

«Il ne reconnaît pas l'autorité du tribunal», a martelé dans son communiqué l'Alliance contre le coup d'État, composée principalement des Frères musulmans, l'influente confrérie islamiste de M. Morsi qui avait largement remporté les législatives de fin 2011.

Le texte cite une équipe «d'avocats des victimes du coup d'État» comme étant la seule à pouvoir parler au nom de M. Morsi, et ajoute qu'ils seront présents au procès «non pas pour le défendre mais pour observer la procédure» judiciaire.

Depuis le 14 août, jour où policiers et soldats ont tué des centaines de manifestants pro-Morsi en dispersant leurs rassemblements au Caire, plus d'un millier de ses partisans ont été tués dans diverses manifestations. Et, dans un implacable processus de répression lancé par le gouvernement dirigé de facto par les militaires, plus de 2000 frères musulmans ont été arrêtés, dont les principaux leaders de la confrérie, également accusés d'incitation au meurtre ou meurtre de manifestants.

M. Morsi a été destitué par l'armée, qui avait invoqué les manifestations de millions d'Égyptiens fin juin réclamant le départ du chef de l'État élu en 2012, l'accusant d'accaparer la totalité du pouvoir au profit des Frères musulmans et de vouloir islamiser à marche forcée la société égyptienne.

Il doit comparaître le 4 novembre pour avoir «incité ses partisans à commettre des meurtres prémédités» lors de heurts devant le palais présidentiel au Caire le 5 décembre 2012.

Sept personnes ont été tuées dans ces affrontements entre pro et anti-Morsi, survenus après la dispersion d'un sit-in d'opposants qui accusaient le président de vouloir islamiser la législation du pays.

Les Frères musulmans avaient indiqué que la plupart des victimes étaient des islamistes, ce que conteste l'opposition.

Plusieurs proches de l'ex-président ainsi que des responsables des Frères musulmans, détenus ou en fuite, comparaîtront dès le 4 novembre à ses côtés.

Mais ce procès pourrait attiser la colère de ses partisans, dans un contexte de fortes tensions, même si décimés ou arrêtés à chaque grande manifestation en août et septembre, les Frères musulmans ne mobilisent plus guère dans la rue.

L'Alliance contre le coup d'État a appelé les partisans du président déchu à se mobiliser massivement au Caire et dans tout le pays le jour du procès. Et le gouvernement intérimaire a assuré qu'il déploierait massivement les forces de l'ordre ce jour-là.

Cet appel fait redouter un regain de violences. Le gouvernement a, depuis août, autorisé policiers et soldats à ouvrir le feu sur tout manifestant se montrant «hostile» ou s'en prenant à un «bien public».

Le pays vit dans l'état d'urgence et sous couvre-feu nocturne depuis le 14 août et l'armée est déployée massivement dans les rues du Caire, où les tanks et autres blindés filtrent les principaux axes et quartiers stratégiques.