La police antiémeute égyptienne a utilisé du gaz lacrymogène pour disperser des dizaines de manifestants qui lançaient des roches samedi à l'extérieur d'un tribunal d'Alexandrie où l'ancien directeur de la sécurité de la ville et d'autres responsables sont actuellement jugés en lien avec les décès de plusieurs protestataires lors du soulèvement de 2011 en Égypte.

La confrontation est survenue une semaine avant que le pays ne marque le deuxième anniversaire du soulèvement qui a chassé du pouvoir son dirigeant autocrate de longue date, Hosni Moubarak. Un tel événement souligne la frustration sur la vitesse des réformes exprimée par plusieurs dans le pays le plus populeux du monde arabe.

Mohammed Ibrahim, l'ancien directeur de la sécurité d'Alexandrie, et cinq policiers sont accusés d'avoir fait preuve de violence excessive pour mettre fin à la révolte de 18 jours. À Alexandrie, tout comme ailleurs en Égypte, des milliers de manifestants sont descendus dans les rues au cours des deux dernières années exigeant « qisas », revanche en arabe, pour ceux tués lors d'affrontements avec les forces de sécurité.

Les proches des défunts disent avoir peu confiance envers le système judiciaire ou les enquêtes policières.

Selon Ramadan Ahmed, dont le fils Mohammed, âgé de 16 ans, a été tué par balle lors d'affrontements à l'extérieur d'un poste de police d'Alexandrie, « c'est une longue chaîne de corruption ».

Près de 100 policiers ont été traduits en justice jusqu'à maintenant pour avoir tué ou blessé des contestataires depuis la destitution de Moubarak, le 11 février 2011. Tous les cas se sont soldés par un acquittement ou une sentence avec sursis.

Les affrontements de samedi ont commencé alors que des militants de défense des droits de l'homme et les proches de ceux tués à Alexandrie manifestaient au tribunal. La plupart de leurs slogans ciblaient la police, mais on ne sait pas ce qui a déclenché la violence. Au moins trois manifestants et trois policiers antiémeutes ont nécessité des soins médicaux pour inhalation de gaz et des blessures causées par des roches, selon des témoins et les médias d'État.

Plus tard dans la journée, de nouveaux affrontements se sont déclenchés lorsque le juge Mohammed Hammad Abdel-Hadi a empêché les procureurs d'appeler des témoins à la barre.

Environ 300 Égyptiens ont perdu la vie à Alexandrie durant le soulèvement de 18 jours sur un total de plus de 900 pour l'ensemble de l'Égypte.

Hosni Moubarak et l'ancien ministre de l'Intérieur ont été condamnés à la prison à vie pour ne pas avoir essayé de mettre un terme au massacre et ont obtenu cette semaine un nouveau procès.

Dans un autre cas impliquant des manifestants, une cour criminelle égyptienne a évoqué samedi une amnistie présidentielle pour annuler les accusations qui pesaient contre 379 personnes soupçonnées d'avoir participé à des affrontements avec la police ayant fait 42 morts au Caire en novembre 2011.

Les protestataires avaient manifesté près du ministère de l'Intérieur et de la place Tahrir pendant près de deux semaines afin de demander la tenue d'élections présidentielles et dénoncer la violence policière contre les grèves d'occupation.

Depuis la révolte en Égypte, des failles dans la sécurité et l'affaiblissement des forces policières en ont laissé plusieurs avec un sentiment accru de vulnérabilité, particulièrement dans la minorité chrétienne copte.

Samedi, la police a annoncé l'arrestation de sept suspects soupçonnés d'avoir attaqué des magasins propriété de chrétiens dans le village de Marashda, dans la province de Qena. Plusieurs commerces ont été incendiés tôt vendredi après des rumeurs qu'un villageois chrétien eut agressé sexuellement une fillette âgée de 6 ans.