Le gouvernement égyptien a fixé les priorités législatives du Parlement, qui s'est réuni mercredi pour la première fois depuis l'adoption de la Constitution, en demandant aux élus de se concentrer sur l'élaboration des règles pour les élections à venir, la régulation des médias et la lutte contre la corruption.

La confirmation officielle, mardi, de l'adoption de la Constitution lors d'un référendum national ouvre un nouveau chapitre de la transition démocratique en Égypte, qui pourrait se caractériser par de nouveaux affrontements juridiques.

Le projet de Constitution a profondément divisé le pays, donnant lieu à d'imposantes manifestations qui ont parfois sombré dans la violence.

«Nous nous dirigeons maintenant d'un conflit dans les rues entre les forces politiques et le régime vers une nouvelle phase de disputes juridiques sur la législation et le contrôle des institutions de l'État», explique Nasser Amin, directeur du Centre pour l'indépendance de la justice et des professions juridiques. «C'est la phase la plus critique (...) et la bataille ne sera pas très claire pour les gens ordinaires.»

Les partisans de la Constitution, dont le président islamiste Mohamed Morsi et son gouvernement, font valoir que l'adoption du texte ouvrira la voie à une plus grande stabilité en Égypte et permettra de construire les institutions de l'État.

L'opposition libérale et laïque s'oppose à la Constitution, estimant qu'elle accorde un rôle prédominant à la loi islamique dans les affaires du pays et qu'elle renforce le pouvoir des islamistes. Les opposants estiment également que le texte restreint les libertés et ignore les droits des femmes et des minorités.

Le principal groupe de l'opposition a mis en doute la légitimité de la Constitution, estimant qu'elle avait été adoptée à la hâte, sans consensus national.

«La Constitution de l'Égypte n'est pas valide puisqu'elle entre en conflit avec certaines normes péremptoires du droit international», comme la liberté de religion et d'expression, a écrit mercredi le chef de file de l'opposition, Mohamed El Baradeï, sur son compte Twitter.

En vertu de la nouvelle Constitution, la chambre haute du Parlement, le Conseil de la choura, détient temporairement les pouvoirs législatifs et a commencé ses travaux au lendemain de la publication des résultats officiels du référendum. Elle détiendra les pouvoirs législatifs jusqu'à l'élection d'une nouvelle chambre basse d'ici deux mois.

«Je félicite le peuple égyptien au nom du gouvernement pour l'adoption de la Constitution de la deuxième République, qui établit un État démocratique moderne où la voix des gens est entendue et où l'injustice, la dictature, la répression, le népotisme et la corruption sont relégués au second plan», a déclaré le ministre Mohammed Mahsoub aux membres du Conseil de la choura.

Mais l'assemblée de 270 membres est boycottée par l'opposition, qui a également rejeté les candidats de la chambre haute nommés par le président.

Le président Mohamed Morsi a nommé 90 membres du Conseil de la choura au dernier jour du référendum, dans une tentative de le rendre plus représentatif. Les deux tiers des membres de la chambre ont été élus l'an dernier, lors d'une élection qui a enregistré un taux de participation de seulement sept pour cent.

Le Conseil de la choura s'est réuni pour la première fois mercredi afin d'assermenter ses 90 nouveaux membres. Le gouvernement s'est servi de la séance pour établir ses priorités.

Le ministre Mahsoub, en charge des Affaires parlementaires, a déclaré que le gouvernement préparerait de nouvelles lois dont le Parlement devra débattre, dont une nouvelle loi pour encadrer les élections parlementaires, des lois contre la corruption et des lois pour organiser la récupération de l'argent détourné par des responsables corrompus sous le régime de l'ancien président Hosni Moubarak.

M. Mahsoub a indiqué que ces projets de loi pourraient être prêts dès la semaine prochaine, quand le Conseil de la choura se réunira de nouveau pour sa séance de travail régulière.

Le ministre a aussi annoncé que le gouvernement allait élaborer des lois pour réviser le salaire minimum, étendre la couverture de la sécurité sociale et réguler les médias. Le gouvernement souhaite également adopter la première loi sur la liberté de l'information en Égypte.