Plusieurs centaines de manifestants opposés au président égyptien Mohamed Morsi sont parvenus dans le calme, mardi, à franchir un barrage érigé à proximité du palais présidentiel, a rapporté un journaliste de l'AFP.

Les manifestants se trouvaient dans le périmètre de sécurité, à l'extérieur du complexe, gardé par des soldats et des chars de l'armée, après avoir franchi le barrage de blocs de béton et de barrières de métal.

Le calme régnait et aucun accrochage n'avait lieu avec les soldats, dotés d'équipements anti-émeutes.

Alors que le soir tombait sur Le Caire, la manifestation des anti-Morsi commençait à prendre forme aux abords du palais. Certains opposants brandissaient des drapeaux égyptiens.

Les manifestants rejettent le référendum de samedi et le projet de Constitution soumis au vote. Pour eux, le texte ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés.

Le FSN, qui rassemble des partis et groupes en majorité de tendance libérale et de gauche, a rejeté le référendum de samedi et le projet de Constitution soumis au vote. Pour lui, le texte ouvre la voie à une islamisation accrue de la législation et manque de garanties pour les libertés.

Dans un communiqué émis mardi, Amr Moussa, ex-patron de la Ligue arabe et figure du FSN, a fait part de sa «position et de celle du Front qui est de reporter ou d'annuler le référendum». «Reporter le référendum à dans deux mois résoudrait beaucoup de problèmes. Cela nous permettrait de revoir certains articles et donnerait à la société la possibilité de l'étudier et de donner son opinion», a-t-il ajouté.

Au même moment, débutait une manifestation en soutien au président égyptien, organisée à l'appel d'une coalition de partis et mouvements islamistes, à l'instar des Frères musulmans, dont est issu M. Morsi.

Ces manifestations concurrentes font craindre de nouveaux affrontements, après la mort dans la nuit de mercredi à jeudi de sept personnes lors d'accrochages entre membres des deux camps.

Grand absent, le parti Al-Nour, principale force salafiste du pays, a appelé à s'abstenir de manifester pour ne pas aviver les tensions.

Lundi, M. Morsi a chargé l'armée de préserver la sécurité jusqu'aux résultats du référendum controversé sur la Constitution.

Cette crise, la plus grave depuis l'élection du président issu des Frères musulmans en juin dernier, traduit un pays profondément divisé près de deux ans après la révolte populaire qui avait poussé Hosni Moubarak à la démission.

Procès militaires

«Mardi décisif», titrait le journal gouvernemental Al-Gomhouria qui parlait aussi d'un «nouveau bras de fer avant le référendum».

De son côté Al-Wafd, organe du parti libéral du même nom, appelait à «refuser de donner toute légitimité à la Constitution du confessionnalisme et de la division».

Ce dernier a pris un décret lundi par lequel l'armée retrouve le pouvoir d'arrêter des civils jusqu'aux résultats du vote. Ce droit très décrié rappelle la période où les militaires ont dirigé le pays, de la chute d'Hosni Moubarak en février 2011 à l'élection de M. Morsi en juin 2012.

Cette décision remet au premier plan l'influente armée égyptienne, qui se faisait discrète depuis la mise en retraite de son chef, le maréchal Hussein Tantaoui, en août dernier par M. Morsi.

Samedi, elle est réapparue dans le jeu politique en exigeant le «dialogue» pour sortir de la crise actuelle. L'institution militaire s'est posée en garante de la stabilité du pays, en mettant en garde contre un «désastre» qu'elle ne «laisserait pas faire».

Des organisations de défense des droits de l'homme comme Amnistie Internationale ont dénoncé la possibilité de voir revenir les «procès de civils devant des tribunaux militaires», qui avaient marqué la période où l'armée assurait le pouvoir de transition.

L'organisation Human Rights Watch, basée à New York, souligne que cette transition militaire avait été marquée par «de graves abus, comprenant un usage excessif de la force, des tortures et des agressions sexuelles» de la part des forces armées.

La porte-parole du département d'État américain Victoria Nuland a déclaré que les États-Unis voulaient «que ceux qui sont chargés de maintenir la sécurité le fassent d'une manière qui respecte les droits de l'homme, qui respecte la liberté d'expression, et qu'ils le fassent avec retenue».