L'administration du président américain Barack Obama a averti lundi les dirigeants militaires de l'Égypte qu'ils devaient rapidement remettre le pouvoir aux civils s'ils ne veulent pas risquer de perdre les milliards de dollars d'aide militaire et économique que les États-Unis versent chaque année au pays.

Alors que les Frères musulmans affirment avoir remporté l'élection présidentielle, des responsables du Pentagone et du département d'État se sont dits inquiets du décret de dernière minute adopté par les généraux au pouvoir en Égypte, qui leur donne l'autorité de maintenir leur emprise sur le pouvoir en limitant les prérogatives du nouveau président. Cette mesure est intervenue après la dissolution du Parlement la semaine dernière, conformément à un jugement de la Cour constitutionnelle.

«C'est un moment critique en Égypte et le monde observe avec attention», a déclaré la porte-parole du département d'État, Victoria Nuland, devant les journalistes à Washington. «Nous sommes particulièrement inquiets par les décisions qui semblent prolonger l'emprise des militaires sur le pouvoir.»

Le secrétaire de presse du Pentagone, George Little, a déclaré que les États-Unis étaient troublés par l'annonce des dirigeants militaires, survenue tout juste après la fermeture des bureaux de vote dimanche. Les États-Unis exhortent les militaires «à céder le pouvoir à une autorité civile élue et à respecter les droits universels du peuple égyptien et la primauté du droit».

Le conseil militaire a promis lundi de remettre le pouvoir aux nouvelles autorités civiles d'ici la fin du mois. Mais les nouveaux pouvoirs que les militaires se sont octroyés, ainsi que la dissolution du Parlement élu démocratiquement, suscitent des inquiétudes sur l'état de la transition démocratique en Égypte.

Mme Nuland a affirmé que les autorités militaires égyptiennes devaient «rétablir la confiance populaire et internationale envers le processus de transition démocratique». Les autorités militaires doivent s'assurer que la commission chargée de rédiger la Constitution soit inclusive, que le Parlement soit démocratique et que la transition vers un gouvernement civil soit rapide, a-t-elle dit.

Questionnée au sujet d'une éventuelle révision de l'aide américaine à l'Égypte, la porte-parole a affirmé que les États-Unis avaient établi des «lignes claires» que le conseil militaire doit suivre.

«Les décisions qui sont prises dans cette période cruciale vont naturellement avoir un impact sur la nature de notre engagement avec le gouvernement» égyptien, a dit Mme Nuland.

Les dirigeants militaires «se sont engagés à permettre le transfert vers une autorité démocratique et nous voulons voir qu'ils respectent leurs engagements», a ajouté Mme Nuland, en précisant que tous les aspects de la relations américano-égyptienne pourraient être affectés.