L'ex-président Hosni Moubarak, dont l'état de santé se serait sérieusement dégradé deux semaines avant l'ouverture de son procès prévue le 3 août, a régné en pharaon pendant trente ans sur l'Égypte avant d'être renversé en février par une révolte populaire de 18 jours.

M. Moubarak est tombé «dans un coma complet après une détérioration subite de son état», a annoncé dimanche son avocat cité par la télévision d'État égyptienne, mais l'information a été démentie par le directeur de l'hôpital où il est soigné. Toutefois, selon une autre source médicale, il y a «une certaine détérioration de son état de santé».

L'homme, qui dirigea le pays le plus peuplé du monde arabe, est passible de la peine capitale s'il est reconnu coupable de la répression meurtrière du soulèvement de janvier et février et d'enrichissement illicite.

L'assassinat par des islamistes du président Anouar el-Sadate permet en 1981 à cet ancien commandant de l'armée de l'air d'accéder à la tête de l'Égypte, où personne ne prédit à l'époque beaucoup d'avenir à cet homme sans charisme.

Réputé pragmatique, mais de plus en plus coupé du peuple et orgueilleux, il s'appuie sur un redoutable appareil policier et un parti à sa dévotion pour étendre son emprise et régner sans partage sur le pays pendant trois décennies.

Le maintien contre vents et marées des accords de paix conclus en 1979 avec Israël et sa réputation de modéré au sein du monde arabe valent à son régime autocratique les faveurs de l'Occident, en particulier des États-Unis dont il restera l'allié indéfectible.

Avec sa silhouette trapue, sa chevelure toujours drue malgré l'âge et son regard souvent caché par des lunettes de soleil, M. Moubarak était devenu au fil des ans une figure familière des réunions internationales.

Il s'est aussi montré un adversaire résolu de l'islamisme radical façon Al-Qaïda, mais sans parvenir à enrayer la montée du mouvement conservateur des Frères musulmans, aujourd'hui la force politique la mieux organisée d'Égypte.

La politique d'ouverture économique suivie dans les dernières années de sa présidence a valu à l'Égypte une amorce de décollage économique remarqué, mais aussi une aggravation des inégalités, du mécontentement social et de la corruption.

L'homme âgé de 83 ans, dont le portrait était autrefois placardé dans tout le pays, n'est pas apparu en public depuis son départ le 11 février et son remplacement par un collège de généraux.

Aucune image n'est sortie de son exil à Charm el-Cheikh, sur la mer Rouge, où il s'est d'abord retiré dans une villa avant d'être transféré dans un hôpital de la célèbre station touristique égyptienne après un malaise cardiaque. Selon son avocat, il souffre d'un cancer de l'estomac, mais l'information n'a pas été officiellement confirmée.

Dans une allocution sonore enregistrée -il n'apparaît pas à l'écran- diffusée par la chaîne satellitaire Al-Arabiya le 10 avril, il se dit victime d'une «campagne injuste».

Mais sa tentative de justification tourne court. Quelques jours plus tard, il est placé en détention préventive dans l'hôpital où il est soigné.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a fait ses preuves dans l'armée, jusqu'à devenir commandant en chef des forces aériennes, puis vice-président en avril 1975.

Au cours de sa longue carrière, il a échappé à plusieurs tentatives d'attentat et n'a jamais levé l'état d'urgence en vigueur tout au long de sa présidence.

Hosni Moubarak est marié à Suzanne Thabet, qui fut très influente dans son entourage.

Leurs deux fils, Alaa et Gamal, sont dans une prison du Caire, et doivent être jugés en même temps que leur père. Gamal Moubarak a, jusqu'à la chute du régime, fait figure de successeur présumé de son père.