Le Premier ministre égyptien, Essam Charaf, a annoncé samedi soir à la télévision le limogeage de tous les policiers accusés d'avoir tué des manifestants pendant le soulèvement contre le régime du président Hosni Moubarak en début d'année, et l'accélération de leur jugement.

Cette décision fait partie d'une série de mesures destinées à répondre aux critiques croissantes sur le manque de sanctions et la lenteur de la justice pour punir les responsables de la répression de la révolte qui a renversé M. Moubarak en début d'année.

M. Charaf a déclaré avoir demandé au ministère de l'Intérieur d'«arrêter de faire travailler tous les policiers et leurs supérieurs accusés d'avoir tué des manifestants» au cours de ces événements, qui ont fait officiellement près de 850 morts.

De nombreuses voix s'étaient émues de voir certains de ces policiers ou leurs supérieurs rester en fonction malgré les charges pesant sur eux.

Le Premier ministre a également réclamé «l'accélération des procès» des anciens dirigeants, proches de l'ancien régime ou policiers inculpés, une autre requête pressante de la part de nombreux mouvements et partis ayant pris part à la révolte.

M. Charaf a ainsi annoncé qu'il n'y aurait pas de vacances judiciaires dans les prochaines semaines pour ces procès, une mesure qui fait suite à l'indignation provoquée par le report à septembre de plusieurs jugements.

Le Premier ministre a en outre demandé au parquet de faire appel de tous les acquittements qui pourraient être prononcés dans le cadre de ces affaires. La relaxe en début de semaine de trois anciens ministres mis en cause dans des dossiers de corruption avait aggravé la frustration d'une partie de la population.

M. Charaf a, dans cette brève allocution télévisée, «promis d'être loyal à la révolution et à la nation».

Cinq mois après le départ de M. Moubarak, l'Égypte a connu vendredi des manifestations de masse pour réclamer une justice plus rapide et plus ferme contre les anciens dirigeants du pays, et une profonde réforme de la police, en première ligne dans la répression du soulèvement.

Plusieurs milliers de personnes étaient encore rassemblées samedi soir au Caire sur la place Tahrir, et plusieurs centaines dans d'autres grandes villes comme Alexandrie et Suez, pour poursuivre le mouvement.

Ces manifestations traduisent le mécontentement contre le Conseil suprême des forces armées, qui dirige le pays depuis le départ de M. Moubarak, et le gouvernement Charaf, chargé des affaires courantes et largement perçu comme sans autorité.