L'ex-président égyptien Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, vont être jugés pour le meurtre de manifestants pendant le soulèvement populaire de janvier-février et pour corruption, a annoncé le parquet général, cité par l'agence officielle Mena.

M. Moubarak et ses fils sont actuellement en détention provisoire, l'ancien chef d'Etat à l'hôpital de Charm el-Cheikh, Alaa et Gamal dans la prison de Tora, au Caire.

Selon un bilan officiel, 846 personnes ont été tuées pendant la révolte qui a poussé M. Moubarak à la démission le 11 février.

«Le Procureur général Abdel Meguid Mahmoud a décidé aujourd'hui (mardi) de déférer l'ex-président Hosni Moubarak et ses fils Alaa et Gamal ainsi que l'homme d'affaires en fuite Hussein Salem devant un tribunal pénal», a indiqué l'agence Mena.

Les quatre hommes sont accusés de «meurtre avec préméditation», d'«avoir planifié le meurtre de certains participants aux manifestants pacifiques de la révolution du 25 janvier» et d'avoir abusé de leur position pour s'enrichir.

M. Moubarak, 83 ans, a été chassé le 11 février du pouvoir par une révolte populaire. Le 13 avril, il a été placé en détention préventive à l'hôpital international de Charm el-Cheikh -station balnéaire sur la mer Rouge où il s'est réfugié après sa démission- où il avait été admis après un malaise cardiaque pendant un interrogatoire.

L'ancien président et ses deux fils sont sous le coup d'enquêtes sur l'origine de leur fortune et pour la répression des manifestations contre le régime de janvier et février.

Le Parquet général a demandé la semaine dernière que l'ex-président soit de nouveau examiné pour établir si son état de santé permet son transfert dans un hôpital carcéral, et une évaluation des hôpitaux des prisons de Tora et de Mazraa, dans le sud du Caire, pour établir s'ils sont assez équipés pour l'accueillir.

Samedi, une source médicale avait indiqué que l'ex-président était dépressif et avait besoin d'être suivi par un psychologue.

Le journal indépendant Al-Chorouk avait récemment affirmé que M. Moubarak préparait une lettre dans laquelle il allait présenter des excuses aux Egyptiens et remettre ses avoirs à l'Etat dans l'espoir d'obtenir une amnistie.

L'armée, qui dirige le pays depuis la démission de M. Moubarak, a démenti avoir l'intention de l'amnistier.

Les informations sur une éventuelle amnistie de M. Moubarak avaient provoqué la colère de nombreux Égyptiens. Plusieurs centaines d'entre eux s'étaient rassemblés vendredi sur la place Tahrir, emblématique de la révolte contre le régime, pour exiger un procès de l'ancien chef de l'État et dire «non à une réconciliation avec les tueurs et les criminels».

Les militants pro-démocratie ont appelé cette semaine à de nouveaux rassemblements vendredi pour exiger le procès «des symboles de l'ancien régime».

L'épouse d'Hosni Moubarak, Suzanne, qui se trouve elle aussi à Charm el-Cheikh, a vu sa détention préventive levée après qu'elle eut cédé une partie de sa fortune à l'État.